Burkina Faso: la justice se déclare incompétente sur l’exhumation de Sankara

491

La justice burkinabè s’est déclarée incompétente mercredi sur la demande d’exhumation du corps de Thomas Sankara, dirigeant du Burkina Faso assassiné en 1987 lors d’un coup d’Etat qui porta au pouvoir l’actuel président Blaise Compaoré.

A l’énoncé de la décision, une centaine de personnes ont manifesté dans l’enceinte même du tribunal, s’écriant “A bas la justice burkinabé” ou encore “A quand la vérité pour le peuple burkinabè ‘”.

“Nous ne sommes pas contents” de la décision du tribunal de grande instance de Ouagadougou, qui avait déjà repoussé deux fois le délibéré, le 5 mars et le 2 avril, a réagi l’avocat de la famille, Me Bénéwendé Sankara, qui n’a aucun lien de parenté avec l’ex-chef d’Etat.

“Nous pensions que cette chambre, au regard des textes, était compétente pour juger une affaire civile. Nous allons faire appel”, a-t-il poursuivi calmement.

Mousdila Sankara, le cousin de l’ex-président, a confié sa “déception” quant au délibéré, qu’il dit ne pas comprendre même s’il s’y “attendait un peu”.

“La justice burkinabè est incapable de rendre le droit aux citoyens”, a réagi Serge Bambara, dit Smokey, un chanteur connu pour son hostilité au régime, présent au tribunal.

En octobre 2010, les ayants droit de l’ex-président avaient assigné l’Etat par voie judiciaire pour ouvrir la tombe présumée et expertiser sa dépouille.

Thomas Sankara et quatorze de ses camarades, tués lors d’un coup d’État le 15 octobre 1987, ont été enterrés au cimetière de Dagnoën à Ouagadougou, sans que leurs familles puissent les identifier.

En avril 2006, le Comité des droits de l’homme de l’ONU avait demandé à l’Etat burkinabé d’élucider l’assassinat de Thomas Sankara, de fournir à la famille les moyens d’une justice impartiale, de prouver le lieu de son enterrement et de dédommager la famille pour le traumatisme subi.

Thomas Sankara avait pris les rênes de la Haute-Volta par un putsch, le 4 août 1983. Le capitaine, âgé de 33 ans, proclame alors une “révolution démocratique et populaire” et rebaptise l’ex-colonie française en Burkina Faso (“patrie des hommes intègres”).

Tribun charismatique, il met l’accent sur l’éducation et la santé. Il instaure des “tribunaux populaires” pour combattre les détournements de fonds et donne l’exemple en vivant chichement dans un palais délabré.

Sa figure continue d’inspirer écrivains et musiciens au Burkina Faso et ailleurs en Afrique, malgré certaines dérives des Comités de défense de la révolution qu’il avait instaurés.

AFP




Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.