Maseru, la capitale du Lesotho, avait retrouvé dimanche un calme apparent au lendemain d’une intervention de l’armée contre la police qualifiée de coup d’Etat par le Premier ministre en fuite, a constaté l’AFP.
L’opération de l’armée, qui a démenti toute intention de prendre le pouvoir, a fait un mort dans les rangs des policiers, a indiqué un responsable de la police dans la capitale, Mofokeng Kolo. Il s’agit d’un gradé, selon les médiaux locaux, ce que M. Kolo n’a pas voulu confirmer.
Mais dimanche matin, rien en apparence ne semblait trahir la très grave crise politique que traverse ce pays depuis un peu plus de 24 heures.
Aucun militaire n’était visible en ville, tous dûment cantonnés dans leur casernement tandis que le quartier général de la police était désert.
Mais sur le plan politique, la situation restait extrêmement incertaine, après le vide créé par la fuite en Afrique du Sud du Premier ministre Thomas Thabane dans la nuit de vendredi à samedi et la possibilité que ses opposants manifestent lundi à Maseru, malgré des appels de la police et de l’armée à y renoncer.
Les fidèles sont venus prier comme à l’ordinaire dans la cathédrale de Maseru, tandis que la circulation automobile était à nouveau très dense.
Sur le marché, les vendeurs avaient réinvestis leurs étals, proposant fruits, légumes, unités de téléphone, lunettes de soleil, dans un brouhaha masquant l’inquiétude de la population face à la situation politique instable.
“Les gens ont peur de ce qui va arriver car pas de travail, c’est pas d’argent”, confiait Kamele Pakisi, un vendeur de quatre saisons. Or, “il n’y a pas de stabilité”, a-t-il ajouté.
“On a appris ça à la radio et les gens ont vu les véhicules militaires. On n’a pas peur pour aujourd’hui, mais seulement pour demain”, commentait pour sa part Mphasa Chonela, en référence à la manifestation annoncée pour lundi par d’anciens alliés du Premier ministre passés dans l’opposition.
Officiellement, ceux-ci voulaient dénoncer la suspension en juin du Parlement, décrétée par M. Thabane pour échapper à la censure. Mais le contexte économique très difficile, marqué par un manque d’emplois criants, fait craindre des violences.
Le Premier ministre avait déclaré samedi à la BBC avoir été “évincé non par le peuple mais par les forces armées et c’est illégal”. Il a ajouté ne ne pas vouloir rentrer au Lesotho tant que sa vie y serait en danger.
Pretoria a aussi affirmé que le déploiement militaire “portait la marque” d’un putsch. Mais un porte-parole de l’armée a nié tout coup d’Etat, assurant que les militaires avaient désarmé la police soupçonnée de vouloir armer des partis politiques pour la manifestation de lundi.
AFP