Guinée: Sidya Touré se prononce sur la loi de finances 2014 ‘’ c’est un budget en retrait’’

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Conakry- le président de l’Union des Forces Républicaines (UFR), Sidya Touré s’est prononcé dimanche dernier à son domicile sur la loi de finances 2014 adoptée par le CNT. Pour l’opposant ce budget signe le ‘’recul’’ et la ‘’pauvreté’ du pays, a appris Afrinews.org.

L’ancien premier ministre a saisi l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux de nouvel an de son parti pour répondre à quelque question des journalistes. Interrogé par un confrère sur son opinion par rapport à la loi de finances qui vient d’être promulguée par le chef de l’Etat en tant qu’économiste. Il n’a pas caché sa déception:

D’abord, au niveau du mode d’adoption du Budget, je l’ai dit dans mon exposé, que c’était totalement illégal. Au Mali voisin, après le premier et le second tour des élections législatives, le président de l’Assemblée nationale est allé à la télévision nationale pour annoncer la fin du mandat de son institution dès l’élection de la nouvelle Assemblée. Ici, nous avons un Conseil national de la transition; donc ce n’est même pas une institution élue. Dès après la proclamation de la Cour suprême le 15 novembre, le CNT devait cesser toute fonction de vote de loi en Guinée, et surtout pas un document aussi important que le Budget parce que c’est la loi de Finances qui détermine les objectifs économiques du gouvernement pour l’année 2014. C’est le débat le plus important qu’un parlement puisse faire au cours d’une année. En privant la nouvelle Assemblée à examiner le Budget 2014, on l’a, en fait, privé de tout débat sérieux au cours de l’année, qui vient de commencer et qui va se terminer sans aucun débat Budgétaire. Je crois que c’était une volonté du gouvernement pour éviter d’avoir à argumenter sur le fait que ce budget est totalement en retrait. Ce n’est pas un budget de croissance. Cela ne peut pas être, lorsque le gouvernement lui-même reconnait que nous avons eu des moins-values de recettes de 1 400 milliards de francs guinéens, c’est ce qu’ils reconnaissent, je viens de dire que le taux de croissance, d’après ce qu’ils nous ont dit, est de 2,5 pour cent en 2013, mais lorsque vous lisez les documents des institutions internationales, elles vous diront que c’est 1,3 pour cent. Vous ne pouvez pas avoir un taux aussi médiocre, alors que ce qu’on attend de nous pour qu’on puisse enclencher la machine en Guinée, c’est d’avoir une croissance de 7,5 à 8 pour cent pour qu’on puisse considérer que la Guinée commence à se redresser. Nous avons eu deux fois 3,8 pour cent de croissance en 2011 et en 2012 en tombant à moins de deux pour cent, je crois qu’on a plus de commentaire à faire sur l’activité économique en Guinée mais également le résultat de la gestion de ce régime au cours de l’année 2013. Venir évoquer que nous avons fait des reformes macro-économiques, cela n’a aucun sens. On nous l’a déjà dit en 2012, on nous l’a déjà en 2011.

Donc, j’estime que c’est un budget en retrait, et qui signe le maintien de la Guinée dans la pauvreté mais surtout le recul de notre économie, qui est consécutive au recul de l’activité économique et à l’incapacité de notre gouvernement de faire fonctionner le secteur de croissance le plus important, qui est l’investissement. Tout ceci parce que l’administration est incapable de faire correctement son travail par une politisation excessive. Les financements ne sont pas indisponibles. Mais, c’est simplement parce que nous sommes incapables. Nous sommes en régression en réalité. Quand vous avez une telle croissance, plus une croissance démographique de plus de trois pour cent avec une inflation à deux chiffres, la paupérisation est générale. Vous savez cela, mais peut-être, ce sont ceux qui gargarisent cela qui font semblant ne pas le connaitre. Ceux qui vivent dans les quartiers savent exactement que notre pays est en plein déclin.

Dans le Budget présenté, on dit qu’en 2013, on devait avoir un taux de croissance de 4,5 pour cent, mais vous avez moins de deux pour cent. Cette année encore, on promet 5 pour cent, je dis que les perspectives ne sont pas bonnes parce que je ne vois pas des sociétés nouvelles qui se créent, l’environnement des affaires ne le permet pas, l’insécurité en Guinée ne le permet pas, les investissements dans les infrastructures non plus. Donc, j’estime que l’année 2014 sera encore plus difficile que 2013 parce que nous allons prendre de plein fouet en 2014 la totalité des conséquences de la mauvaise politique appliquée par le gouvernement.

Propos recueillis par Abdoulaye Maci Bah pour Afrinews
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