BAMAKO- Le soulagement était de mise lundi à Bamako et Paris au lendemain du premier tour de la présidentielle au Mali, qui s’est déroulé dans le calme et a fortement mobilisé les électeurs, signe de leur volonté de sortir d’un an et demi d’une crise qui a plongé leur pays dans le chaos.
Pas un seul acte de violence, ni le moindre incident ne sont venus ternir le scrutin, en dépit de menace d’attentats d’un des groupes jihadistes qui ont occupé le nord du Mali avant d’en être chassés en janvier par une intervention armée internationale initiée par la France.
De plus, observateurs nationaux et internationaux ont rapidement noté dès dimanche matin une forte mobilisation des électeurs qui s’est confirmée tout au long de la journée. Le taux de participation des quelque 6,9 millions d’inscrits pourrait en conséquence être plus élevé que celui des présidentielles précédentes qui n’a jamais dépassé 40%.
Même à Kidal, chef-lieu de région dans le nord-est du Mali et fief des Touareg et de leur rébellion, où, en raison de vives tensions entre Noirs et Touareg, le vote était incertain il y a peu, aucun incident n’a été noté dimanche. La mobilisation des électeurs a en revanche été faible.
“Je suis un homme heureux. Nous avons relevé le défi de voter à Kidal, une zone d’insécurité où presque tout le monde est armé, sans aucun incident, sans un seul coup de feu, et cela, personne ne l’imaginait il y a quelques semaines”, s’est réjoui le gouverneur de la région, le colonel Adama Kamissoko, revenu mi-juillet dans la ville organiser la préparation de la présidentielle.
Louis Michel, chef de la centaine d’observateurs de l’Union européenne déployés au Mali, a lui-même tenu à se rendre quelques heures à Kidal le jour du vote. Il s’est réjoui du bon déroulement du scrutin non seulement à Kidal, mais également dans le reste du pays, notant “un engouement” des électeurs.
Seuls des “dysfonctionnements” ont pu gêner des électeurs qui ne trouvaient pas leurs noms sur les listes des bureaux de vote où ils étaient inscrits, mais ont été réglés au fur et à mesure, selon le réseau d’appui au processus électoral au Mali qui avait déployé 2.100 observateurs indépendants dans tout le pays.
“Grand succès” pour la France
La France, qui après son intervention militaire réussie pour chasser les groupes islamistes armés du Nord avait exercé une forte pression sur le régime de transition à Bamako pour qu’il organise des élections en juillet, n’a pas caché sa satisfaction.
“Cette élection consacre le retour du Mali à l’ordre constitutionnel, après la victoire obtenue sur les terroristes et la libération du territoire”, a déclaré le président François Hollande, ajoutant que “la participation sans précédent” “témoigne de l’attachement des Maliens aux valeurs démocratiques”.
“Meilleur scrutin depuis 1960”
Son Premier ministre Jean-Marc Ayrault a parlé lundi depuis la Malaisie de “grand succès” pour la France.
Les résultats provisoires et officiels doivent être publiés au plus tard le 2 août, mais dès dimanche soir, de premiers résultats collectés par des journalistes maliens dans des bureaux de vote à travers le pays donnaient une nette avance à l’un des favoris, Ibrahim Boubacar Keïta, surnommé IBK.
Ces résultats non officiels indiquent que M. Keïta, 68 ans, ancien Premier ministre et cacique de la vie politique malienne, pourrait même créer la surprise et l’emporter au premier tour face à son principal adversaire, Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances et ex-dirigeant de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
Dès que ces informations ont été diffusées par les radios locales, des milliers de partisans de M. Keïta sont allés manifester leur joie au quartier général de son parti, le Rassemblement pour le Mali, et à son domicile de Bamako.
Si aucun des candidats n’obtient la majorité absolue, un second tour entre les deux arrivés en tête dimanche aura lieu le 11 août.
Quel qu’il soit, le nouveau président aura la lourde tâche de relever un pays sorti économiquement exsangue de 18 mois de conflit politique et militaire, et surtout de réconcilier des communautés plus divisées que jamais.
AFP