Les Maliens ont commencé à voter dimanche dans le calme au premier tour d’une présidentielle qui doit permettre d’entamer le redressement et la réconciliation de leur pays traumatisé par 18 mois de crise politique et militaire.
Aucun incident n’est à signaler à Bamako, affirme notre envoyée spéciale Hélène Alix.
90 pc des bureaux de vote ont ouvert à l’heure mais des problèmes de logistiques ont été observés.
La mobilisation est évidente: présence de femmes. Des personnes âgées qui n’avaient pas voté depuis longtemps ont tenu à mettre leur bulletin dans l’urne.
Dans un centre de vote installé dans le lycée Mamadou Sarr, plusieurs centaines d’électeurs attendaient de pouvoir voter avant l’heure d’ouverture des bureaux à 08H00 (locales et T.U.).
C’est là qu’a voté le président par intérim, Dioncounda Traoré, qui ne se présente pas.
Il a affirmé à la presse que c’était “le meilleur scrutin” que le Mali ait organisé depuis son indépendance de la France en 1960.
Il a rappelé que “la démocratie, c’est la loi de la majorité: quand on perd, il faut l’accepter.
Notre envoyé spécial à Mopti Abourhamane Dia n’a pas constaté de problèmes majeurs.
Mais des électeurs ont du mal à trouver leur bureau de vote.
Dans les villes du Nord, Kidal, Gao et Tombouctou, région qui a subi en 2012 la violence et l’occupation de rebelles touareg et de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, le scrutin se déroule sous la surveillance de casques bleus de la force de l’ONU, la Minusma, et de l’armée malienne.
Un des groupes jihadistes qui ont occupé le Nord, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), a menacé samedi de “frapper” les bureaux de vote et tenté de dissuader “les musulmans maliens” de prendre part au scrutin.
Près de 6,9 millions d’électeurs sont appelés à voter à cette présidentielle à laquelle se présentent 27 candidats.
Les deux favoris sont Ibrahim Boubacar Keïta, ancien Premier ministre, et Soumaïla Cissé, ancien ministre des Finances et ex-dirigeant de l’Union économique et monétaire (Uémoa).
A Kidal, bastion des Touareg et de leur rébellion dans le nord-est du pays où les tensions entre communautés tourareg et noires sont vives, le vote a commencé en retard dans plusieurs bureaux.
L’engouement est moindre.
A l’entrée de l’un d’eux, chaque électeur était contrôlé et fouillé par des soldats togolais de la force de l’ONU au Mali, la Minusma.
A Gao, plus grande ville du nord du Mali, plusieurs dizaines de personnes faisaient la queue dans le calme pour voter dans un centre électoral installé dans une école près de la place de l’indépendance, rebaptisée “place de la charia” sous le règne des jihadistes.
“J’espère qu’avec ma voix mon candidat sera élu et pensera surtout à développer ma région longtemps abandonnée”, a déclaré Issoufou Cissé, un quinquagénaire en boubou bleu et turban blanc, sous le regard des gendarmes déployés pour assurer la sécurité du site.
Devant un bureau de vote de Tombouctou, ville qui a payé un lourd tribu à l’occupation jihadiste, de nombreux électeurs cherchaient en vain leur nom sur les listes.
“Le travail d’identification n’a pas été fait. Des électeurs ne savent pas où ils vont voté”, a constaté un observateur national.
Comme à Gao ou Kidal des soldats maliens montent la garde, une arme en bandoulière, et fouillent les électeurs.
Cette élection doit rétablir l’ordre constitutionnel interrompu le 22 mars 2012 par un coup d’Etat qui a laissé le champ libre aux groupes islamistes de la mouvance Al-Qaïda, alliés dans un premier temps à la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dans le nord du pays.
Cette élection intervient six mois après le début en janvier d’une intervention militaire internationale menée par la France pour empêcher les islamistes de progresser vers Bamako.
Près de 3.200 militaires français restent toujours présents dans le pays.
Si 85% des cartes des 6,9 millions d’électeurs ont été distribuées, plusieurs obstacles au bon déroulement du scrutin subsistent: redéploiement inachevé de l’administration centrale dans le Nord, absence de retour chez eux de 500.000 réfugiés et déplacés ayant fui le conflit et dont la plupart risquent de ne pas pouvoir voter.
BBC afrique