La presse sénégalaise dresse le bilan de la visite de Barack Obama au Sénégal. Et sans surprise, il est largement positif. Pour Sud Quotidien, ce voyage officiel du numéro un américain au pays de la Teranga, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade en avait rêvé, et son successeur Macky Sall l’a fait.
« Le rêve de Wade, la réalité de Macky », lance en manchette le journal. Barack Obama est venu rendre hommage au pays qui est considéré comme « la vitrine de la démocratie en Afrique de l’Ouest », s’enthousiasme Sud Quotidien.
Il faut dire, enchérit Le Soleil, que Barack Obama et Macky Sall sont « deux hommes au destin un peu similaire, quelque peu parallèles, de même génération, et tendus vers une gouvernance de résultats empreinte de sobriété ».
Homosexualité : fossé transatlantique
Barak Obama et Macky Sall partagent peut-être les mêmes valeurs concernant la démocratie et la bonne gouvernance, mais au sujet de l’homosexualité, entre eux, il y a plus qu’une nuance. C’est un sujet « hyper sensible entre Obama et Macky », souligne Walfadjri.
Et comme Barack Obama a mis les pieds dans le plat en l’abordant à Dakar, Guinée Conakry Info parle de « grain de sable homosexuel » et de « subtil malentendu ». Le site guinéen d’information en ligne estime que les déclarations de Barack Obama sur l’homosexualité ont « plutôt embarrassé son hôte qui sait ce qu’il risquerait s’il ne s’en démarquait pas tout de suite ».
Etant rappelé qu’au Sénégal, un acte dit « contre nature » est passible de prison, Macky Sall a dit qu’il n’était « pas encore prêt à dépénaliser l’homosexualité ».
Pas encore ‘ « On perçoit un effort surhumain de la part du président sénégalais de ne pas heurter davantage le président américain, énonce Guinée Conakry Info. Autrement, même le fait d’insinuer que le Sénégal pourrait être prêt à dépénaliser la pratique de l’homosexualité, est une forme de concession que les grandes familles maraboutiques pourraient bien lui faire payer », met en garde le site guinéen.
Esclavage : ADN Africa
Le président américain a également visité la Maison des esclaves sur l’ile de Gorée, au large de Dakar. Et comme le souligne le journal dakarois Le Soleil, Gorée s’était « parée de ses plus beaux atours pour réserver un accueille “à la goréenne” à Barack Obama », même si les commerçants se plaignaient du manque à gagner de la journée perdue en raison des impératifs de sécurité.
« A Gorée, Obama salue la mémoire des anciens esclaves », relève le quotidien français Le Figaro, dont la Une est illustrée de la photo du couple présidentiel américain dans l’embrasure de la porte du « non retour » de la « Maison des esclaves ».
Cette excursion à Gorée était l’occasion pour le journal Le Monde de se pencher sur l’engouement de plus en plus de noirs américains pour la recherche de leurs origines africaines. Quand ils vont à Gorée, l’émotion est pour eux à son comble. « Les Noirs américains abordent Gorée en pèlerins », note le journal.
Vrai ou faux ancien port d’embarquement des esclaves, peu importe. Gorée est un symbole. « Le lieu, que Bill Clinton, George Bush, Jean Paul II ou Nelson Mandela ont honoré avant Barack Obama, a sans doute joué un rôle mineur dans la traite transatlantique, mais il a acquis une notoriété internationale », concède Le Monde.
Il faut dire qu’un quart des 42 millions de Noirs américains d’aujourd’hui « ont des ancêtres déportés depuis les côtes du Sénégal et de la Gambie », explique le quotidien du soir. D’où l’importance que revêt l’Afrique de l’Ouest francophone pour le secteur du « tourisme mémoriel américain (…) mais aussi pour les recherches généalogiques que des milliers d’Africains américains effectuent grâce à des tests ADN ».
La méthode est simple, et beaucoup aux Etats-Unis s’y adonnent. « Pour 100 à 900 dollars, des dizaines de sociétés exploitent cette obsession des origines, observe le journal. Il suffit de frotter un coton-tige dans sa cavité buccale, de l’expédier sous enveloppe par la poste, pour (…) qu’après analyse, la société commerciale, vous indique quel pourcentage de sang européen ou asiatique coule dans vos veines. Aux Africains américains, les mêmes firmes se font fort de préciser l’ethnie d’origine, à la fois en lignée maternelle et paternelle depuis cinq siècles. »
Le Monde retient ainsi que le cinéaste Spike Lee « peut prétendre désormais que ses ancêtres vivaient au Cameroun et au Niger ».
Obama : femme blanche, Afrique noire
Qu’ont donné ces recherches pour le président Obama lui-même ‘ Etant rappelé que Barack Obama est d’origine kényane par son père et qu’il est « censé ne pas descendre d’une lignée d’esclaves », Le Monde indique que le président américain compterait parmi ses ancêtres « un certain John Punch, esclave rebelle ayant vécu en Virginie au XVIIe siècle ». Or, explique le quotidien, la société qui a fait la recherche des origines d’Obama a découvert que John Punch serait un « ascendant de (…) la mère du président ». Ainsi, Barack Obama « serait issu d’un esclave noir par sa mère, une femme blanche » ! Qui l’eut cru ‘
RFI