YOKOHAMA- Le Japon et une quarantaine de pays africains ont souhaité lundi développer les investissements privés japonais en Afrique, région qui sera “au coeur du développement” dans les prochaines décennies assure le Premier ministre nippon.
“Nous sommes déterminés à travailler ensemble pour accélérer la croissance, le développement durable et la réduction de la pauvreté”, indique la “Déclaration de Yokohama”, ville de la région de Tokyo où s’est tenue la cinquième édition de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (Ticad), une initiative lancée par le Japon en 1993.
“Le Japon doit renforcer ses liens avec l’Afrique. Vers le milieu du 21e siècle, sans aucun doute l’Afrique sera au coeur du développement, alors si nous n’y investissons pas maintenant, quand le ferons-nous’ Quel serait le moment propice’ Je le répète: la croissance se trouve aujourd’hui en Afrique, c’est maintenant qu’il faut y investir!”, a vigoureusement plaidé le Premier ministre Shinzo Abe, en réitérant son intention de se rendre sur le continent “dès que possible”.
La Déclaration de Yokohama insiste beaucoup sur l’importance du secteur privé, “moteur vital pour la croissance” qu’il faut “soutenir et renforcer”, entre autres en “améliorant le climat pour les investisseurs, notamment le cadre légal”.
Du coup, dirigeants africains et japonais se sont félicités lundi du changement de braquet de la Ticad, qui est “devenue plus orientée vers l’action et les résultats”. Un plan d’action, véritable feuille de route très détaillée, pour la période 2013-2017, a d’ailleurs été adjoint à la Déclaration.
“Le Japon est un pays qui tient parole: ce qui a été annoncé sera mis en oeuvre”, a tenu à rappeler Shinzo Abe lors d’une conférence de presse à la fin de la réunion.
L’ombre de la Chine
La “Déclaration” reprend quelques idées forces nécessaires au développement du continent: nécessité de “se concentrer sur les infrastructures lourdes”, notamment dans le domaine de l’énergie, des transports et de l’eau, importance de l’agriculture et l’agroalimentaire.
Les participants ont estimé en outre que “la paix, la stabilité et la bonne gouvernance”, un des thèmes centraux de ce sommet Japon-Afrique, étaient des conditions indispensables pour une croissance durable.
Dimanche, le Japon a d’ailleurs annoncé une aide spécifique de 750 millions d’euros sur cinq ans pour aider à stabiliser la région du Sahel, dans l’espoir de rassurer des entreprises nippones tentées par le marché africain mais refroidies par le drame d’un site gazier algérien où dix Japonais ont été tués en janvier.
Enfin, les chefs d’Etat et de gouvernement japonais et africains se sont engagés à “accélérer les efforts pour atteindre” les “objectifs du millénaire” comme prévu en 2015. Définis par l’ONU en 2000, ces objectifs visent notamment à réduire de moitié l’extrême pauvreté dans le monde par rapport à ses niveaux du début du siècle.
Au total, à l’occasion de cette conférence, le Japon a annoncé 10,6 milliards d’euros d’aide publique au développement sur cinq ans. Aide publique et fonds privés confondus, on arrive à 24,2 milliards d’euros pour “soutenir la croissance africaine” et… ne pas se faire distancer par la Chine.
Elle n’a jamais été citée pendant trois jours, mais son ombre a plané sur la conférence de Yokohama.
Les Chinois sont devenus en 2009 les premiers partenaires de l’Afrique, dont 13,5% du commerce extérieur se faisait alors avec la Chine, contre seulement 2,7% avec le Japon, d’après l’OCDE. Les échanges sino-africains ont plus que doublé depuis et la Chine, qui lorgne les ressources naturelles africaines notamment le pétrole, a pris la deuxième place économique mondiale au Japon.
Alors que certains dénoncent un comportement jugé “prédateur” de la Chine en Afrique, M. Abe a tenu à glisser au détour d’une phrase que “le Japon ne fera pas simplement qu’importer des ressources naturelles” venues d’Afrique. “Nous ne faisons pas ça”.
AFP