Violences en guinée: l’opposant Bah oury réagit (déclaration)

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La manifestation du 23 mai 2013 à Conakry marque un tournant dans l’évolution politique de la Guinée depuis les élections présidentielles de 2010.

Comme à l’accoutumée, la barbarie et l’horreur ont été au rendez-vous avec cinq ou six jeunes gens tués par les forces de l’ordre ou assimilées. Ces morts sont encore une fois de plus, des morts de trop. En deux ans et demi de pouvoir, le régime d’Alpha Condé est le responsable et le commanditaire de l’assassinat de plus d’une trentaine de manifestants résidents dans l’axe Hamdallaye-Cimenterie dans la commune de Ratoma à Conakry. Aussi, sa volonté de confiner les marches de protestation de l’opposition démocratique dans cette zone répond à un double impératif :

• Fief de l’UFDG depuis la libéralisation politique au début des années 90, peuplée majoritairement par des éléments issus de la communauté peule, martyrisée par la destruction en 1998 du quartier de Kaporails où 70.000 personnes du jour au lendemain se retrouvèrent sans toits et sans abris dans leur propre pays, la Commune de Ratoma paye un très lourd tribut pour l’avènement d’une gouvernance démocratique en Guinée. Berceau et support essentiel des mouvements sociaux qui ont bouleversés la gestion politique des gouvernements du Général Lansana Conté dès 2005, du CNDD et maintenant d’Alpha CONDE , l’axe dénommé « l’axe de la liberté et du changement » est le symbole de la volonté et de l’acharnement du peuple guinéen à finir avec les dictatures et la mal-gouvernance. C’est la raison pour laquelle le régime actuel en usant de la violence systématique contre les jeunes, en semant la terreur dans les concessions par la barbarie de la répression et en stigmatisant cette commune comme un « ghetto » veut étouffer le légitime combat pour la démocratie en Guinée. En effet pour Alpha Condé, l’écrasement de la résistance démocratique en Guinée passe nécessairement par réduire l’axe Hamdallaye-Cimenterie, s’il le faut dans une mare de sang.

• Comme, entre les deux tours de l’élection présidentielle, la stratégie consiste à diviser la communauté nationale sur des bases ethniques. Si, hier le slogan « tout sauf les peuls » lui avait permis d’asseoir sa main mise sur les institutions du pays en dupant les uns et en dressant les ethnies les unes aux autres, aujourd’hui cette démoniaque recette ne prospère plus.

La contestation du régime d’Alpha Condé est devenue plus large maintenant. Ses deux années et demie de gestion du pays ont prouvé à la majorité des guinéens que le « régime est incapable de redresser la Guinée ». Ce sentiment est partagé même dans des secteurs de la société qui étaient auparavant favorables au RPG. Ainsi l’aveuglement actuel et la violence meurtrière contre les jeunes de Ratoma ne visent qu’à masquer cette terrible vérité : les guinéens ont marre de « la gouvernance d’Alpha CONDE » et souhaitent son départ du pouvoir.

Ramener la crise actuelle à une simple crise électorale autour des conditions d’organisation des élections législatives est une erreur stratégique mortelle. La manifestation du 23 mai en a donné une illustration où selon des sources concordantes des manifestants de l’opposition ont laissé exploser publiquement leur colère devant les atermoiements, les reniements et les compromissions incestueuses de certains responsables de l’opposition avec le pouvoir.

La crise actuelle est plus profonde encore. Elle est le prolongement de celle qui a commencé au début des années 2000. Les massacres du 22 janvier 2007 et du 28 septembre 2009, la disparition du Général Lansana Conté et la transition militaire qui lui a succédé, les élections présidentielles calamiteuses de 2010 et la gouvernance hors-la-loi d’Alpha CONDE n’ont nullement entamé le désir de démocratie, de liberté et de progrès de tout un pays. Le chemin de la libération et de la transformation sociale de la Guinée est parsemé d’embûches et de tragédies et les martyrs se comptent en milliers de victimes. Tout cela ne fait que renforcer la détermination et la clairvoyance dont font preuve les jeunes de Guinée pour résister à l’oppression et au déni de leurs droits constitutionnels.

Je suis de cœur et d’esprit avec eux, car ils se battent et sacrifient leur vie pour que demain la Guinée soit libre, démocratique, unie, fraternelle, réconciliée et tournée vers la modernité et le progrès. Ils mettent à nu l’inadmissible égoïsme de l’élite politique guinéenne qui, jusqu’à présent à ignorer les intérêts fondamentaux des guinéens pour privilégier uniquement son ambition de pouvoir et de prédation des ressources nationales.

Que la terre soit légère pour ceux qui sont tombés et que leur âme repose en paix. La Guinée ne vous oubliera jamais.

Le, 25 mai 2013

Bah Oury,1er Vice-Président de l’UFDG




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