La conférence des donateurs pour le développement du Mali qui s’est ouverte hier à Bruxelles a donc porté ses fruits. « Cette conférence visait à mobiliser 2 milliards d’euros, mais l’engagement des partenaires a dépassé toutes les attentes », relève Le Républicain à Bamako, avec cette enveloppe globale de 3 milliards 250 millions d’euros. Le Républicain qui a fait les comptes : « Dans cet élan de solidarité, la palme revient à l’Union européenne qui reste le principal bailleur de fonds en apportant une aide de 520 millions d’euros (…). La France, partenaire historique du Mali, s’engage pour 280 millions d’euros. La Banque Mondiale et la Banque islamique de Développement vont participer à hauteur de 250 millions d’euros chacune. Le président de la Banque africaine de Développement, Donald Kaberuka a annoncé une contribution pour 240 millions d’euros. La BAD qui financera aussi, relève le quotidien malien, la réalisation du projet d’alimentation en eau potable de la ville de Bamako, à hauteur de 56 millions d’euros. (…) Enfin, des dizaines de pays, dont les Etats-Unis, le Japon ou le Royaume-Uni, vont également accroître leur soutien, sous la forme de dons ou de prêts. »
Du coup, relève le quotidien Sidwaya au Burkina, « les autorités maliennes sont reparties de Bruxelles avec le sourire. » Il est vrai qu’on est allé « au-delà des espérances », souligne Guinée Conakry Infos. « On attendait au plus 1,9 milliards d’euros. On en a finalement obtenu 3,25 ! », s’exclame le site d’information. « Si la communauté internationale voulait faire oublier la très décevante rencontre du même genre à Addis-Abeba, le 29 janvier dernier, elle ne pouvait mieux s’y prendre. Cette fois-ci, le Mali est bien servi. En effet, les engagements pris hier par les quelque 108 pays et institutions présents à Bruxelles représentent plus de 80 % du budget – 4 milliards d’euros – du plan de sortie de crise présenté par Dioncounda Traoré. »
Conditions drastiques
Toutefois, attention, prévient Guinée Conakry Infos : « Les grands donateurs ne se sont pas contentés de donner simplement. Mesurant les risques de détournement des fonds ainsi offerts ou prêtés, ils insistent sur la mise en place d’un mécanisme rigoureux de suivi et de contrôle de l’exécution des différents projets. (…) Globalement, poursuit le site guinéen, l’insistance sur la nécessité d’une gestion transparente des ces fonds résulte de la volonté que les projets puissent directement bénéficier aux populations et non seulement à certains cadres véreux, très haut placés. »
En effet, renchérit La Nouvelle Tribune au Bénin, « la somme mobilisée va au-delà des attentes. Mais, au vu des préalables au décaissement et à la bonne gestion des fonds promis, on pourrait dire que c’est maintenant que le plus dur commence pour les autorités maliennes. (…) Entre la mobilisation de ce pactole et son décaissement, il y a des préalables que le Mali doit respecter. (…) Le premier préalable, précise le quotidien béninois, c’est la résolution des aspects politiques de la crise malienne. Cela implique donc la fin des tiraillements entre acteurs politiques maliens, la résolution, une fois pour de bon, de la question du capitaine Sanogo, qui tire apparemment les ficelles via des acteurs politiques, et l’organisation à bonne date et de façon transparente de l’élection présidentielle. (…) Et puis l’autre chose, poursuit La Nouvelle Tribune, c’est la gestion des fonds à débloquer. Il faudrait que la gouvernance du pays permette qu’une fois débloqués, les fonds soient alloués à ce pourquoi ils ont été mobilisés : le financement du développement. (…) Après donc le pari de Bruxelles, le plus dur commence pour le Mali, conclut le quotidien béninois. Si tant est que les acteurs politiques, sociaux et militaires veulent mettre définitivement fin à la crise. »
François à Bruxelles, Valérie à Bamako…
Enfin, François Hollande est donc à Bruxelles, entre autres, pour le Mali. Et sa compagne, Valérie Trierweiler, est à Bamako. Commentaire de Glez, dessinateur et humoriste, sur le site de Jeune Afrique : « Première visite à l’étranger de la première dame en l’absence du président français. Il n’y a que le Mali qui semble réussir à François Hollande, un an après son élection. Autant en faire profiter ses proches. Pendant 48 heures, et sur invitation de la première dame malienne Mintou Traoré, Valérie Trierweiler abordera les questions du soutien aux enfants, aux femmes mais aussi aux ‘populations déplacées’ du fait de la guerre. Après avoir reçu à l’Élysée le collectif Enfants adoption Mali, elle pourrait plaider sa cause sur le territoire malien. Valérie distraira sans doute Mintou, pendant que Dioncounda, lui, est avec François à Bruxelles. »
RFI