Irak: des dizaines de morts après un assaut de l’armée contre des manifestants

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Des affrontements entre les forces irakiennes et des manifestants sunnites ont fait au moins 40 morts mardi près de Kirkouk, dans le nord de l’Irak. Une fusillade a éclaté tôt dans la matinée lorsque des soldats sont intervenus contre un campement de manifestants hostiles au premier ministre chiite, Nouri Al-Maliki, installé sur une place de la localité d’Hawija, à environ 170 km au nord de Bagdad. L’armée intervenait après l’expiration d’un ultimatum adressé aux manifestants pour qu’ils livrent les assassins d’un soldat tué la semaine dernière, selon le ministère de l’intérieur. Vingt-cinq manifestants et deux militaires ont été tués dans cet assaut et 70 personnes blessées, selon l’armée.

En réaction, le ministre de l’éducation, Mohammed Ali Tamim, a démissionné, a indiqué un responsable au sein du cabinet du vice-premier ministre, Saleh Al-Moutlak. Le président du Parlement, Osama Al-Nujaifi, a indiqué plus tard lors d’une conférence de presse que le ministre des sciences et des technologies Abdel Karim Al-Samarraï lui avait indiqué par téléphone qu’il avait également décidé de démissionner.

COUVRE-FEU DANS LA RÉGION

Selon un communiqué du ministère de l’intérieur, les autorités ont “demandé aux manifestants pacifiques non armés d’évacuer la place” avant l’assaut. L’opération visait “l’armée des Naqchbandis”, un groupe rebelle islamiste violemment opposé au gouvernement et qui est particulièrement actif à Kirkouk et sa région.

Le ministère de la défense précise que les soldats ont riposté en situation de légitime défense après avoir été la cible de coups de feu. Le ministère précise que les armes, notamment des lance-roquettes et des fusils d’assaut AK-47, ont été découverts dans le campement. Les tentes des manifestants ont été incendiées et la place a été dégagée. Des manifestants ont affirmé en revanche que les opposants n’étaient pas armés lorsque les soldats ont commencé à tirer.

Après l’assaut, les forces armées ont imposé un couvre-feu dans la région et la place a été évacuée. Mais l’armée a par la suite tué 13 hommes qui ont tenté d’attaquer ses positions dans la province de Kirkouk, en représailles à l’incident de Houweijah, selon des officiers. Le chef du conseil de la province de Kirkouk, Hassan Trouhan, a condamné l’assaut contre la place et “l’usage inconsidéré de la force”.

TENSION PERSISTANTE ENTRE CHIITES ET SUNNITES

Depuis décembre, des milliers de sunnites, communauté à laquelle appartenait Saddam Hussein, manifestent contre ce qu’ils considèrent comme leur mise à l’écart par le gouvernement de Bagdad, dirigé par le chiite Nouri Al-Maliki.

Si elles sont loin du pic de violences interreligieuses du milieu des années 2000, les tensions entre la majorité chiite et les minorités sunnite et kurde restent fortes. Les extrémistes sunnites irakiens affiliés à Al-Qaida ont intensifié leurs attaques contre les chiites et les forces de sécurité. Cinq attentats à la voiture piégée ont visé des mosquées chiites de Bagdad le mois dernier. L’Etat islamique d’Irak, la branche locale d’Al-Qaida, a intensifié ces derniers mois ses opérations, sans doute revigoré par l’insurrection sunnite en Syrie voisine.

La frange radicale des sunnites d’Irak considère le gouvernement de Bagdad comme l’oppresseur de la minorité sunnite du pays et prend pour cible des objectifs chiites afin de provoquer un conflit intercommunautaire comparable à celui qui fit des milliers de morts dans les années 2006-2007.

lemonde.fr




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