Kenya: Mohamed Mohamud, cerveau présumé de l’attaque de Garissa

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Mohamed Mohamud, soupçonné par la police kényane d’être le cerveau du massacre dans l’université de Garissa qui a fait 148 morts jeudi, est un ex-enseignant kényan présenté comme “tranquille”, qui s’est radicalisé dans son pays.

Egalement connu sous les pseudonymes de “Kuno”, “Dulyadin” (“l’homme aux bras longs”) et “Gamadhere” (“l’ambidextre”), Mohamed Mohamud, membre présumé du mouvement islamiste shebab qui a revendiqué le massacre, est aussi recherché pour une série d’autres raids perpétrés en 2014 dans le Nord-Est kényan frontalier de la Somalie.

La police offre une récompense de 20 millions de shillings (200. 000 euros) pour toute information susceptible de mener à son arrestation.

Mohamed Mohamud, cinquantenaire, serait né en Ethiopie, dans une famille issue du très puissant clan somali Ogaden, réparti aux confins de l’Ethiopie, de la Somalie et du Kenya.

Il serait arrivé enfant à Garissa, dans l’est kényan majoritairement peuplé d’habitants d’ethnie somali comme lui, et possède la nationalité kényane.

Des photos qui circulent suggèrent un homme mince, à la barbe courte.

Selon des sources policières kényanes, il a enseigné et même dirigé une école coranique de Garissa, avant de se radicaliser et de traverser la poreuse frontière somalienne pour rejoindre l’Union des tribunaux islamiques (ancêtres des shebab) au sein desquels il dirigeait une unité appelée “Jugta-Culus” (“Ceux qui frappent dur”).

Un correspondant de l’AFP qui l’a rencontré plus tard dans la capitale somalienne Mogadiscio, alors qu’il avait rejoint les shebab, se souvient de lui comme d’une figure du mouvement, l’un des tenants de sa ligne dure.

– “Tranquille et posé” –

A la fin des Tribunaux islamiques, défaits début 2007 par les troupes éthiopiennes, Mohamed Mohamud, qui passe pour une personne éduquée, “tranquille et posée”, rejoint d’abord la milice islamiste Ras Kamboni, active dans le sud somalien.

Mais cette milice va se scinder en deux, un camp, dont il fait partie, rejoignant les shebab, et l’autre, mené par Ahmed Madobe, s’alliant à l’armée kényane entrée en Somalie fin 2011 pour combattre les shebab.

Au sein des shebab, Mohamed Mohamud devient vite un chef des opérations dans le sud somalien, recevant spécifiquement pour mission, en raison de sa connaissance du terrain, de combattre au Kenya.

La police kényane le tient notamment aussi pour responsable de deux attaques meurtrières menées l’an dernier dans la ville kényane de Mandera, frontalière de la Somalie et située à 550 km au nord de Garissa.

Ces attaques, qui pour beaucoup auraient dû servir d’avertissement aux autorités kényanes, avaient visé les passagers d’un bus et les ouvriers d’une carrière, faisant respectivement 28 et 36 morts, exécutés de sang froid.

Vendredi, les shebab ont menacé le Kenya de nouvelles attaques, affirmant que celle de Garissa avait été menée en représailles de “persécutions systématiques contre les musulmans du Kenya”.

Les shebab ont notamment évoqué le massacre de Wagalla (300 km au nord de Garissa) en 1984, au cours duquel l’armée kényane, qui tentaient d’étouffer un conflit local, a tué un nombre indéterminé de somali – officiellement moins de 100, mais certaines sources parlent de 5. 000 morts – les laissant agoniser plusieurs jours sans eau ni nourriture au soleil, allongés sur une piste d’atterrissage brûlante.

De nombreuses récompenses ont été offertes en échange d’informations permettant de localiser des commandants shebab. Souvent bien supérieures à celle proposée pour Mohamed Mohamud, et offertes par Washington, elles ont plusieurs fois débouché sur des frappes de drones américaines destinées à les assassiner.

AFP




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