Les pays en développement dont les économies dépendent étroitement de l’agriculture réclament davantage de transparence et de soutien pour lutter contre la volatilité des prix et protéger leurs productions sur le marché international.
Améliorer la productivité de leur agriculture et donc leur compétitivité est également apparu comme une priorité pour de nombreux représentants, en particulier d’Afrique, lors d’une réunion convoquée par l’organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) à Rome, en présence de près d’une trentaine de ministres et vice-ministres du secteur.
“Depuis 40 ans, nous avons vu les prix alimentaires doubler voire tripler et même si depuis six mois ils sont à la baisse, ils restent bien plus élevés qu’en 2010” a rappelé le directeur général de la FAO José Graziano da Silva.
Mais la volatilité des prix alimentaires a eu tendance, estime-t-il, à masquer d’autres difficultés structurelles qui entravent l’accès des petits producteurs aux marchés, près d’un milliard dans le monde, impliqués dans la production et le commerce des produits de base, et les laissent sur le bord du chemin.
Du café au cacao et au coton, ces marchés concernent “toutes les matières premières brutes, produites par des petits fermiers mais transformées ensuite sur des chaines dominées par les acteurs internationaux”, a fait valoir David Hallam, directeur des Marchés et du commerce à la FAO.
A ce titre, “la gouvernance des marchés concerne à la fois le développement, la sécurité alimentaire et le commerce international”, indique-t-il et impose d’établir un environnement propice “au développement et à l’innovation”.
C’est ce qu’a fait valoir Maham Zoungrana, ministre de l’Agriculture du Burkina Faso en citant le manque d’infrastructures, de stockage et de transports par exemple, qui entravent les pays en développement.
– Promouvoir les partenariats public/privé –
Dans son pays, une des principales productions nationales est le coton, culture “qui contribue le plus fortement à la lutte contre la pauvreté” souligne-t-il. Or le coton burkinabé, de qualité et récolté à la main, ce qui en renchérit le prix, “subit une menace constante liée à la concurrence déloyale des subventions versées dans certains pays du nord” — comprendre les Etats-Unis –, dénonce le ministre.
“Ces dysfonctionnements menacent la prospérité et la paix dans le monde”, prévient-il en réclamant “le soutien de la FAO”.
Il faut “mieux prendre en compte les contraintes des petits producteurs”, a insisté aussi le ministre du Malawi Allan Chiyembekeza, victimes de leur faible productivité et de leur “manque de conformité aux attentes du marché”. C est à la FAO d’apporter cette information, juge-t-il. Mais pour lui les gouvernements doivent prendre leur part et “jouer un rôle direct” par la promotion de partenariats public/privé, “indispensables pour instaurer la confiance et un environnement favorable aux investissements”.
A la tribune, le ministre de Sierra Leone James Sasy a également rappelé la dépendance de son pays à la production de cacao, l’une des principales cultures d’exportation avec le café, et surtout “celle qui a contribué le plus à sortir les producteurs de la pauvreté”. Cette production, comme tout le secteur agricole d’ailleurs, se trouve actuellement gravement perturbée par l’épidémie due au virus Ebola qui frappe aussi la Guinée et le Liberia, a-t-il dit en demandant davantage d’aide face à un “fléau devenu global”.
Le ministre tunisien de l’agriculture Lachaad Lach, qui présidait la réunion, a souligné que l’agriculture “est une source essentielle d’emploi, de revenu et aussi de ressources pour les gouvernements dans les pays en développement. Mais le manque d’informations fiables sur l’état des stocks est aussi reconnu”, a-t-il remarqué.
Cette réunion, la 3e depuis 2012 a-t-il rappelé, intervient cependant à un moment où les prix des principales céréales et du soja sont revenus à leur plus bas niveau depuis 2010 en raison de l’abondance de l’offre mondiale. Après avoir subi trois flambées en cinq ans.
AFP