U.F.D.G. : un parti en péril ‘

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Le véhicule UFDG roule depuis bien longtemps sur les routes caillouteuses de Guinée. A écouter le bruit de son moteur, il semble que celui-ci soit un peu grippé. Les passagers (militants et sympathisants) sont très inquiets car le chemin à parcourir reste encore long. La jauge étant cassée, personne ne connaît le niveau et l’état de l’huile de ce moteur. Et si le problème n’était qu’une simple question de vidange ‘ Si un carnet d’entretien est délivré, c’est pour être régulièrement consulté et mis à jour, n’est-ce pas ‘

Il y a quelques mois, un membre du RPG a publié sur le Web un article intitulé: « Pour l’unité de l’UFDG ». Ce parti serait-il malade au point qu’un RPGiste vienne à son chevet ‘ L’UFDG ignorerait-elle que lorsqu’un loup entre dans une bergerie chaque seconde compte ‘ Curieusement, cette inquiétude ne semble pas très partagée par certains responsables de ce parti.

Je n’insisterai pas sur l’article précité où l’auteur demandait très gentiment à un accusé de prouver son innocence ! En sa qualité de citoyen, le sieur en question a parfaitement le droit d’aider un parti concurrent du sien. Qu’est-ce qu’il peut être démocrate ! Un adversaire qui vous propose une solution pour le combattre, on aura tout vu en Guinée… Dans nos villages on dit souvent que lorsque certains voisins frappent tôt à votre porte pour vous dire bonjour, ce n’est pas pour s’enquérir de votre état de santé mais pour savoir si vous n’êtes pas décédé la nuit !

Aujourd’hui, la dictature est installée en Guinée, le « chef du pays » y faisant ce qu’il veut, quand il veut et comme il veut. Si le parti le plus nombreux et le mieux implanté géographiquement est l’UFDG mais qu’il n’arrive pas à freiner les dérives de ce « chef de pays », c’est qu’il a un sérieux problème de stratégie. Serait-il un géant aux pieds d’argile ‘ Serait-il victime d’un déficit de démocratie interne ‘ Quoi qu’il en soit, l’UFDG apparaît de plus en plus poussive et cette situation est vraiment alarmante pour le pays.

J’ai la nette impression d’un flottement de l’UFDG qui oscillerait entre deux légitimités, l’une historique (revendiquée par celui qui est à l’origine de l’idée), l’autre politique (réclamée par celui qui a mis l’idée en pratique). Nous savons tous que rien n’est facile en Guinée. C’est justement parce que les choses sont difficiles qu’il faut revoir en permanence certaines méthodes d’action. Aujourd’hui, lorsque l’UFDG reçoit des coups, ses dirigeants pansent ses plaies et ce parti a tellement de cicatrices qu’on ne le reconnaît même plus. Curieusement, les coups que l’UFDG voit venir ne sont pas esquivés mais à peine amortis. Cette attitude défensive qui consiste à tout encaisser n’est pas une bonne méthode. Au combat, il faut donner des coups, frapper fort et juste, c’est-à-dire passer à l’offensive. En politique, tout temps mort finit par entraîner la mort de celui qui le demande.

N’étant membre d’aucun parti politique mais soucieux de l’instauration d’un Etat de droit en Guinée, je me permets de faire une remarque très ordinaire à l’UFDG : tenir rapidement un congrès extraordinaire de ce parti. On y débattra de tous les problèmes (politiques, économiques, sociaux, juridiques, diplomatiques, militaires, etc., car aucun domaine ne doit être ignoré par un parti politique) qui ne sont plus internes, puisque connus de tous. Le linge sale ne peut plus se laver en famille mais au lavoir public où chacun connaît la quantité d’eau disponible et surtout la nature de la saleté à éliminer.

Compte tenu de la situation actuelle, toute attente est une perte de temps pour le pays. Par rapport au fonctionnement de l’UFDG, je n’ai pas, à titre personnel, de choix à faire puisque je n’en suis pas membre ; c’est aux adhérents d’exprimer librement ce qu’ils veulent. En revanche, en ma qualité de citoyen, je peux exprimer mes idées et faire quelques suggestions. Celles-ci sont, du reste, valables pour tous les partis politiques ayant une audience certaine dans le pays et ne concernent nullement les groupuscules dont les chefs ne sont que des sangsues gravitant autour de la « minorité présidentielle ».

Un congrès extraordinaire permettrait donc de mieux huiler la mécanique de l’UFDG en confirmant son actuelle équipe dirigeante ou en la remplaçant par une autre. Dans certaines circonstances, on doit remettre son mandat en jeu avant son échéance. Quand on est à nouveau vainqueur, on sort toujours grandi ; lorsqu’on est battu, on ne part pas dans le déshonneur.

Beaucoup de questions méritent d’être posées: comment l’UFDG fonctionne-t-elle en interne ‘ Ce parti utilise-t-il efficacement tous les atouts dont il dispose ‘ Ne s’autocensure-t-il pas en s’interdisant de s’exprimer dans certains domaines comme, par exemple, celui des forces armées ‘ Ses militants ont-ils toujours confiance en ses dirigeants actuels ‘ Ne peut-il pas faire plus et mieux que ce qu’il fait aujourd’hui ‘ Se bat-il réellement pour la conquête du pouvoir ou ne se contente-t-il que de dénoncer les coups qui lui sont portés à longueur de journée ‘ Ambitionne-t-il de conquérir, avec ses alliés, la future Assemblée nationale ou se satisferait-il de quelques députés que le «chef du pays», pour amuser la galerie, pourrait lui accorder en cas d’élections ‘ Bref, l’Ufdg a-t-elle tiré réellement les leçons du vol inqualifiable de la victoire de son président lors de l’élection présidentielle ‘

Ces questions, des militants et des sympathisants désorientés par des querelles puériles qui mettent l’UFDG en péril se les posent ; de simples citoyens se les posent ; les alliés de l’UFDG se les posent. C’est dire à quel point des réponses sont attendues. Pour l’instant, ce sont les RPGistes qui se frottent les mains car ils savent que chez leurs principaux adversaires, qui se trompent manifestement de combat, chacun est détesté viscéralement par les uns et admiré aveuglément par les autres.

En ma qualité d’observateur extérieur, j’avais même pensé à un changement de nom de l’UFDG en choisissant un sigle à 3 lettres et une modification de son emblème qui est apparu à un de mes aînés comme « l’ébauche d’un baobab nain coiffé d’une calebasse » ! Il s’agit, bien entendu, d’un détail car, pour un parti politique, l’essentiel est de bien savoir ce qu’il veut et comment y parvenir, de préférence dans la légalité tout en n’écartant, à priori, aucune option dans son combat. Quand on veut le pouvoir, on se bat sur le terrain pour l’obtenir mais on ne fait pas de la figuration en donnant de faux espoirs à ses partisans !

Tout leader doit savoir quel sacrifice il est prêt à consentir pour rester ou accéder à la tête de son parti. D’ailleurs, la violence, l’emprisonnement et la mort ne sont-ils pas les badges d’honneur de tout leader politique qui aspire à la magistrature suprême’

Je vous salue !

Ibrahima Kylé Diallo




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