La soeur de Pablo Escobar demande pardon, 20 ans après sa mort

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Parfois j’ai l’impression que j’aurais pu faire quelque chose”, lance une des s’urs de Pablo Escobar, demandant pardon aux victimes du célèbre baron de la drogue colombien, 20 ans après sa mort, dans un entretien exclusif accordé à l’AFP.

Abattu par un commando d’élite de la police le 2 décembre 1993 dans sa ville de Medellin après une traque effrénée, le “capo” reste encore omniprésent dans la deuxième ville de Colombie, à commencer dans l’esprit de Luz Maria Escobar.

“Je ne suis pas apparue publiquement, car, réellement, il y avait la barrière de la peur, de ses ennemis, la peur qu’on me fasse taire, les moqueries”, confie-t-elle, en évoquant la mémoire de son frère.

Sur la tombe de Pablo Escobar, qui repose près de sa mère, se rendent de nombreux touristes, curieux ou fidèles qui lui vouent un culte pour avoir bénéficié de ses narco-dollars. Les fleurs ne manquent pas au cimetière de Montesacro, objet d’un soin quotidien, dans le sud de Medellin.

Des visiteurs dérobent les pierres posées près de la tombe ou y laissent des messages. D’autres y consomment des drogues ou s’enivrent à l’eau de vie.

“J’éprouve tant de sentiments contraires, espérons qu’ils ouvrent leur c’ur pour le pardon”, murmure Luz Maria, qui rendra elle-même un hommage public pour les milliers de victimes de celui qui fut le trafiquant le plus recherché au monde.

Sa s’ur reste convaincue qu’elle aurait pu l’aider “au moment de sa guerre, de sa lutte”, à la fois “pour les victimes et pour que lui-même n’abîme pas sa vie comme il l’a fait”.

Le baron de la drogue de Medellin, qui ouvrit un cycle de violences pour échapper à son extradition vers les États-Unis, est tenu responsable de multiples crimes, dont celui du ministre de la Justice Rodriguo Lara, du directeur du grand quotidien El Espectador, Guillermo Cano, ou encore du candidat présidentiel Luis Carlos Galan.

On lui impute une bombe au siège des services secrets et dans un avion de ligne qui fit une centaine de victimes. Une ONG colombienne lui impute quelque 50.000 morts au total.

“Ma vie après la mort de Pablo a été une lutte pour l’individualité. Quand on me dit +tu es la s’ur de Pablo+, tout de suite, c’est comme s’ils voyaient le signe du peso (la monnaie colombienne, NDLR) sur mon front ou s’ils me prenait pour une mafieuse ou une tueuse”, ajoute Luz Maria.

Elle-même se sent comme une femme ordinaire, même si elle affirme avoir souffert de discrimination tout comme ses fils, notamment pour trouver du travail. “Je suis une femme normale. Et pourtant il y a eu des universités qui ne voulaient pas des neveux de Pablo Escobar”.

Sa s’ur assure aussi qu’elle n’a rien su des activités de son frère jusqu’en 1980 quand ce dernier convoqua toute sa famille pour dévoiler la réalité.

“Je n’ai jamais rien soupçonné jusqu’au jour où il nous a donné un testament: 13 ans avant de mourir. Ils nous a dit : +Je vais vous confier un truc. Je suis un mafieux, et les mafieux, ils meurent jeunes et ils meurent sous les balles+”, raconte-t-elle, avant de glisser : “Nous ne savions même pas ce qu’était la mafia, il a fallu chercher dans un dictionnaire”.

“Pour moi, la vie de Pablo au début, m’a paru bizarre. Maintenant plus rien ne me surprend”, conclut Luz Maria. Au total, le “capo” colombien eut six frères et s’urs. Sa veuve Victoria Eugenia Henao et leur deux enfants, Juan Pablo et Manuela, se sont réfugiés en Argentine après sa mort.

AFP




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