Revue de presse Afrique: levée de boucliers contre Yahya Jammeh

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L’indignation est unanime en Afrique de l’ouest et au-delà après l’exécution de 9 condamnés à mort en Gambie, sur ordre direct du président Yahya Jammeh. Le ministère gambien de l’Intérieur avait fait savoir lundi que d’autres exécutions allaient suivre. D’après certains sites d’informations, ce serait déjà le cas. Fasozine parle de 17 autres exécutions… « Jammeh persiste et exécute ! », s’indigne le site d’information burkinabè. Est-ce que les pressions internationales, notamment celles du Sénégal et des Etats-Unis vont faire plier le président gambien ‘ « Rien n’est moins sûr, répond Fasozine. Depuis qu’il s’est emparé du pouvoir par un coup d’Etat en 1994, cet ancien militaire se croit tout permis dans ce tout petit pays anglophone coincé comme une banane dans la bouche du Sénégal. Son intransigeance à appliquer, coûte que coûte la peine de mort n’est que la conséquence de cet excès de pouvoir de vie et de mort qu’il s’est arrogé sur ses concitoyens. Dommage, soupire Fasozine, que ce soit seulement maintenant que la communauté internationale se mette en peine contre les dérives de Yahya Jammeh. »

Sur la foi d’une voyante ‘

Par ailleurs, plusieurs médias, dont le site Seneweb au Sénégal, relayent les affirmations du directeur d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, selon lequel « les prédictions d’une voyante sénégalaise ne seraient pas étrangères à la décision du président gambien de faire exécuter des condamnés à mort. »
En fait, précise le quotidien L’Observateur au Burkina, « une voyante sénégalaise aurait prescrit au président gambien, Yahya Jammeh, de trucider la quarantaine de détenus condamnés à mort par ses bons soins. Foi de cette pythie des savanes, s’il ne le faisait pas, il mourrait dans les cent jours. (…) Yahya Jammeh a donc décidé d’envoyer ad patres 47 pauvres hères pour sauver sa peau, s’exclame L’Observateur. Neuf condamnés ont déjà payé de leur vie ; en attendant les autres qui pourraient connaître le même sort… à moins, relève le journal, que la prophétesse chère au fantasque chef d’Etat ne revoie sa comptabilité à la baisse après consultation de sa boule de cristal. »
Et le quotidien burkinabè de rappeler que Yahya Jammeh n’en n’est pas à son premier délire, lui qui avait « il y a quelques années de cela déclaré qu’il pouvait traiter le sida et l’asthme à base d’herbes médicinales fortifiées de quelques versets du Coran ‘ »

Le risque casamançais

Délire mystique ou pas, toujours est-il que cette affaire provoque une véritable crise diplomatique avec le Sénégal. Il faut dire que parmi les personnes exécutées se trouvaient deux ressortissants sénégalais, d’où la colère de Macky Sall… « Pour que Macky Sall ait trouvé qu’il était nécessaire de hausser le ton, il lui fallut ne disposer d’aucune autre alternative, relève Guinée Conakry Infos. Autrement, le président sénégalais a conscience du risque qu’il prend, en se fâchant avec celui qui passait pour être sa meilleure chance de ramener la paix dans la région de la Casamance. C’est là un objectif qu’on peut bien sacrifier lorsque deux de ses compatriotes, éventuellement innocents sont exécutés de sang froid. Et qu’on n’ait pas été initialement prévenu en plus ! » Résultat, constate encore Guinée Conakry Infos, « en manquant à ce devoir de bon voisinage, le président gambien a mis son homologue dos au mur. Macky Sall avait à choisir entre deux maux : se taire et se mettre à dos son opinion publique ; ou parler et voir ses chances de résoudre la crise casamançaise réduites à néant. Du moins momentanément. Visiblement, pour lui, le choix n’aura point été difficile outre mesure. »

Prières…

Au Sénégal, la presse suit bien sûr l’affaire de très près… Le quotidien Le Soleil s’intéresse au cas de Saliou Niang, ce jeune sénégalais, condamné à mort en Gambie, et qui pourrait bien être passé par les armes. « La vie de Saliou Niang suspendue à un miracle », s’exclame le quotidien sénégalais. Le jeune homme, parti en Gambie pour une campagne de pêche avait tué un homme au cours d’une bagarre, et il était allé se rendre de lui-même à la police. Commentaire du Soleil : « pour le pauvre jeune pêcheur, il n’y a aujourd’hui plus aucun recours et il ne reste donc que la prière et les pressions sur Yaya Jammeh pour le sauver des griffes d’une mort certaine. »
Enfin, Enquêtes, autre quotidien sénégalais, a recueilli le sentiment de Boubacar Baldé, ancien ministre gambien en exil à Dakar : « en exécutant les 9 condamnés, le président Yaya Jammeh a eu la pression du monde entier. Peut-être que cela le poussera à mieux réfléchir. Vraiment, conclut-il, je prie le Bon Dieu de lui donner la grandeur d’esprit de pardonner aux 38 condamnés qui restent. »

REVUE DE PRESSE RFI




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