Et si un simple passager du train Londres-Édimbourg avait mis la main sur les secrets du gouvernement britannique sur la Syrie ‘ C’est le scénario catastrophe imaginé par le site du quotidien britannique The Daily Mirror, qui a publié lundi 9 septembre une inquiétante photo, où trône au milieu de quatre sièges vides la fameuse “red box”, ou boîte rouge, utilisée par les membres du gouvernement britannique pour transporter leurs documents de travail. La petite inscription visible sur la photo renseigne sur son propriétaire : le “PRIME MINISTER”.
Si les services de David Cameron assurent au Guardian que la boîte rouge n’a jamais été laissée sans surveillance, le témoignage de l’auteur de la photo est troublant : “Elle était juste posée là. J’aurais probablement pu partir avec et l’endommager si je l’avais voulu. Mais au lieu de cela, j’ai pris une photo.”
Après avoir aperçu le premier ministre à travers la vitre de la voiture-bar, fermée au public, le passager a eu l’immense surprise de découvrir deux wagons plus tard la boîte rouge “sur une table, toute seule”, la clé sur la serrure. Sur les sièges alentour, des passagers indifférents qui ne semblent pas avoir pris conscience de l’importance de la chose. Il n’en fallait pas plus pour que le Mirror fasse le lien avec une autre affaire embarrassante pour le distrait David Cameron : il y a un an, il avait oublié sa fille dans un pub.
Et l’opposition de profiter de l’incident pour tacler son adversaire numéro un, à l’image de l’ancien ministre et député travailliste Kevan Jones : “Que se serait-il passé si quelqu’un avait ouvert la vitre et jeté la boîte ‘ (…) Il peut y avoir toutes sortes de secrets d’Etat dans cette mallette.” “Il est cocasse que le gouvernement persécute des journalistes qui transportent des secrets et laisse les siens sur la table”, renchérit l’ancien vice-premier ministre John Prescott, qui assure, bon élève, n’avoir jamais laissé sa boîte sans surveillance.
L’affaire est d’autant plus malvenue pour le gouvernement que le ministre des transports, Simon Burns, a justifié en début d’année la location d’une voiture avec chauffeur à près de 100 000 euros par an par l’interdiction qui lui était faite de travailler avec sa propre “red box” dans le train, pour des raisons de sécurité.
Le cadre de l’utilisation de ces mallettes ministérielles est pourtant très clair depuis une directive de 1999 : si elles sont emmenées dans les transports publics, elles doivent être “efficacement déguisées”. “Clairement, M. Cameron a intelligemment déguisé la sienne en boîte rouge du premier ministre”, s’amuse le Mirror.
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