Guinée: «Il n’y a eu aucun changement, au contraire c’est un changement à l’envers. On est parti à reculons. Donc le bilan est complètement négatif…» dixit Louis Bemba soumah

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« Il n’y a eu aucun changement, au contraire c’est un changement à l’envers. On est parti à reculons. Donc le bilan est complètement négatif…»

A Genève, dans le cadre de la 101e conférence international du travail où presque 5000 délégués des 185 Etats membres de l’organisation international du travail (OIT), ont participé et qui s’est achevé ce vendredi 15 juin, Louis M’bemba Soumah, le Secrétaire général de l’union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), a accordé une interview exclusive au correspondant de votre quotidien Guinéenews© à Genève.

Dans cet entretien, il parle des causes de la crise de l’emploi des jeunes, de l’inefficacité de la politique du gouvernement en matière d’emploi des jeunes, du mouvement syndical, des nominations fantaisistes et ethnocentriques du président Alpha Condé, de l’immiscion de l’exécutif dans les affaires syndicales, de la hausse des salaires des travailleurs à 200 pour cent, de la CENI, des recommandations qu’il a formulées à la classe politique guinéenne pour sortir de cette impasse politique qui perdure en Guinée et du bilan du président Alpha Condé après 15 mois de gestion des affaires du pays. Lisez !

Guinéenews© : Vous êtes à Genève, dans le cadre de la 101e conférence internationale du travail avec pour thème « La crise de l’emploi des jeunes ». Selon vous, la crise de l’emploi des jeunes est due à quoi concrètement ‘

Louis M’bemba Soumah : Vous savez, la jeunesse actuellement a des problèmes parce que, plus nous avançons plus les difficultés s’accentuent. On s’est rendu compte que la jeunesse actuelle n’est pas préparée, elle n’est pas consciente, ce qui va lui rendre la tâche difficile pour l’avenir. Parce que les choses se compliquent, les choses se durcissent ; la mondialisation est là. Donc les jeunes auraient dû être mieux conscientisés, mieux préparés pour affrontés ces difficultés qui arrivent. C’est pourquoi, on doit les aider à affronter ces difficultés qui sont là et qui viennent et qui sont proches.

Guinéenews© : En quoi faisant concrètement ‘

Louis M’bemba Soumah : Peut être en les formant mieux et en les éduquant surtout. L’éducation elle est importante ; c’est la base de la réussite de l’homme. On peut être éduqué, mais ne pas être instruit. Le contraire est là ; si on instruit sans être éduqué, ça ne peux pas aller.

Guinéenews© : Quelle résolution, le BIT (bureau international du travail) compte-t-il adapter pour remédier à la crise de l’emploi des jeunes en Guinée ‘

Louis M’bemba Soumah : Je crois que la pyramide a été très longtemps renversée. On a surtout beaucoup formés des jeunes pour occuper des emplois au sommet, des hauts responsables. Alors que, nous sommes des pays en construction. Nous avons besoins des cadres moyens, des techniciens moyens. Donc, je crois que maintenant il faut que l’on se base sur cela. Il faut que l’on crée des écoles professionnelles techniques, multiplier ces écoles pour former d’avantage des jeunes techniciens qui vont aider le pays à se développer. Mais si on ne forme que des cadres supérieurs, ça ne peux pas aller. Ce serait difficile de trouver du travail pour tous les cadres supérieurs. J’ai souligné à ce que l’on se base sur la mise en place des écoles professionnelles techniques parce qu’il y en a pas suffisamment. Tout est axé sur les grandes écoles qui forment des magistrats, on a plus besoin de ses choses là. On a besoin de bons cadres techniciens, des cadres vraiment moyens.

Guinéenews© : A vous entendre, on dirait que vous souhaitez qu’on limite l’accès des jeunes dans les universités ‘

Louis M’bemba Soumah : Oui, exactement. Parce que finalement ça ne sert à rien. On peut pas former une multitude de haut cadres qui sortent et n’ont même pas où aller et /ou quoi faire. Notre pays est en construction. Le pays a besoin de très bons menuisiers, de très bons soudeurs, de très bons maçons ; en somme de bons ouvriers formés dans les écoles professionnelles.

Guinéenews© : Arrivé au pouvoir, le chef de l’Etat guinéen avait promis de favoriser la jeunesse pour les emplois. Qu’en est-il actuellement ‘

Louis M’bemba Soumah : Je crois qu’il n’y a pas grand-chose, pas de grand changement malheureusement, il ya beaucoup de verbillage, mais, comme je vous le disais tantôt, il faut former des jeunes techniciens, mais on n’en parle même pas. Les responsables du BIT étaient vénus en Guinée, j’ai attiré leur attention à cela. Nous avons besoin de multiplier nos écoles techniques, qu’on ait de bons professeurs dans ce domaine pour pouvoir au moins orienter les jeunes dans les domaines de formation professionnelle, en leur disant, que votre avenir c’est là. Ce n’est pas d’aller étudier la magistrature ou je ne sais quoi. Pour le moment, il ya rien de concret, rien n’a été fait dans ce sens »

Guinéenews© : Selon nos informations, il se dit actuellement que les perspectives qu’offre le gouvernement dans le cadre du marché de travail varient selon une appartenance ethnique et / ou politique. Qu’en dites-vous ‘

Louis M’bemba Soumah : A l’heure actuelle, c’est dommage, c’est malheureux de le dire, c’est pratiquement l’ethnocentrisme qui bat son plein en Guinée. Alors que le chef de l’Etat qui a été démocratiquement élu avait juré sur la Constitution et devant tout le peuple d’être le chef de l’Etat de tous les Guinéens, de respecter la démocratie et de faire respecter la démocratie. Donc, cela devrait vraiment être respecté. Nous voyons aujourd’hui un petit virage du côté de l’ethnocentrisme. Tout est maintenant axé sur les « malinkés » au vu et au su de tout le monde. Tout le monde l’a constaté, les nominations viennent ; nous voyons uniquement que « des malinkés », et cela n’est pas normal. Il est en train de violer son sermon.

Guinéenews© : Comment se porte le mouvement syndical aujourd’hui ‘

Louis M’bemba Soumah : Le mouvement syndical a fait des efforts. Actuellement, je crois que nous sommes suffisamment unis. Sur le plan de l’action, il ya huit centrales syndicales maintenant en Guinée et nous avons créé une inter centrale qui regroupe les huit groupes centrales.

Il est vrai, ce n’est pas parfait encore, mais je crois que nous sommes sur la bonne voix. Nous l’avions prouvé tout dernièrement des problèmes graves au niveau de la CNTG. On s’est dit de se donner la main pour refuser la machination. Ce qui a beaucoup sauvé, car au sommet on cherche plutôt à nous diviser. Diviser pour mieux régner et nous l’accepterons pas. D’ailleurs, c’est ce qui à sauvé, ils voulaient complètement railler les syndicats.

Guinéenews© : Comment expliquez-vous le rôle qu’a joué le gouvernement dans la crise qui a paralysé la CNTG ‘ À vos yeux, cette immixtion de l’exécutif dans les affaires internes des syndicats était-elle normale’

Louis M’bemba Soumah : Pas du tout normal, nous l’avons dénoncé et ce qui a fait en sorte qu’ils n’ont pas réussi leur machination politique. C’est notre unité d’action et nous avons refusé et condamné, et avions écrit même à nos grands responsables syndicales internationales qui ont également condamné. Ce qui a pratiquement sauvé la situation.

Guinéenews© : Justement, Monsieur Soumah, s’il est est vrai que l’exécutif ne doit point s’immiscer dans les affaires internes des syndicats, pourquoi, votre secrétaire général Amadou Diallo s’est-il réjouit du soutien du chef de l’Etat alors que le même président de la la République avait soutenu auparavant, son rival en l’occurrence Yamoussa Touré ‘

Louis M’bemba Soumah : Bon c’est dommage, comme je l’ai dit tant tôt, ce que nous faisons n’est pas parfait. Nos hommes ne sont pas parfaits non plu. Il y a parmi nous des gens qui ne sont pas parfaitement propres.

Guinéenews© : Qu’est ce que vous voulez dire par là ‘

Louis M’bemba Soumah : Ils ne sont pas claires ; ils font semblant d’être avec les syndicats, tout en étant un peu avec le gouvernement. Je ne citerai pas de nom, mais de toutes les façons entre nous, on se connaît et nous allons combattre cela. Nous connaissons nos collègues qui ont tendance à servir le gouvernement, mais nous allons essayer de leur faire venir sur le bon chemin comme on dit l’homme est parfaitement imperfectible. Il faut savoir, c’est en restant à la base unis que nous pouvons sauver nos frères travailleurs et tous les Guinéens qui sont actuellement dans la souffrance, dans la pauvreté.

Guinéenews© : Le président Alpha Condé avait augmenté le salaire des militaires de 50 pour cent l’année passée. Actuellement avec la situation misérable des travailleurs, vous exigez à ce que les salaires des travailleurs soient rehaussés à 200 pour cent. Le chef de l’Etat vous a promis d’attendre l’obtention du PPTE (pays pauvres très endettés). Croyez-vous qu’il tiendra une telle promesse ‘

Louis M’bemba Soumah : On ne peut rien avancer ! Mais néanmoins, nous avons écrit à Madame la ministre de la Fonction publique pour renforcer ce que nous avons demandé. Donc, je crois qu’elle nous a invités le 20 juin de ce mois afin qu’on discute ensemble sur le contenu de ce document. Bref, sur toutes nos revendications. Nous allons les écouter voir ce qu’ils vont nous dire. Cette fois-ci, si réellement ils ne nous disent pas ce qui pourrait nous convaincre pour aider les travailleurs, nous prendrons nos responsabilités.

Guinéenews© : En quoi faisant ‘

Louis M’bemba Soumah : Rire ! Les syndicats ont aussi leur arme, qui est l’arme fatale et nous allons l’utiliser.

Guinéenews© : Vous êtes à la tête de la deuxième centrale syndicale. La situation sociopolitique en Guinée est crispée. L’opposition et le mouvement social demandent la révocation de la CENI et de son président ; mouvance et opposition sont divisées sur des questions d’intérêt public. Bref, nous sommes dans une impasse totale. Quelles recommandations faites-vous au chef de l’Etat et à l’opposition pour sortir de cette crise politique ‘

Louis M’bemba Soumah : Je le disais tantôt, le chef de l’Etat a juré sur la constitution, de respecter la démocratie, et de la faire respecter, il doit tenir son serment. Il doit respecter la démocratie et, cette démocratie veut que les élections se passent dans les délais normalement. Ces élections devraient avoir lieu depuis un an jusqu’à présent ça traine, ce n’est pas normal ; il doit prendre ses responsabilités de chef de l’Etat et organiser dans les plus brefs délais ces élections. C’est le bas peuple qui en souffre à l’heure actuelle. Tout est bloqué, on ne sait plus qui fait quoi. Tout retombe sur le pauvre citoyen. Donc, nous lui demandons encore une fois de prendre ses responsabilités et d’organiser dans les meilleurs délais ces élections. Nous allons vraiment essayer de lui faire comprendre cela. En tout cas, nous, nous prendrons nos responsabilités.

Guinéenews© : C’est votre camarade Lounceny Camara le noyau du problème. Il est syndicaliste non ‘

Louis M’bemba Soumah : Oui, nous avions convoqué le président de la CENI, qui est un syndicaliste et d’ailleurs c’est nous qui l’avions mis de surcroit à la CENI. Il a refusé de venir. Cela sous-entend qu’il a d’autres appuis. Mais nous prendrons nos responsabilités. Nous attendons de rentrer pour savoir ce qui se passe et ce que la société civile a débuté afin de pouvoir cordonner nos activités. Nous déclarerons le départ du président de la CENI parce que ce n’est pas normal. C’est ce qui est en train de freiner vraiment ces élections. Nous prendrons en tout cas nos responsabilités, ce qui est sûre.

Guinéenews© : Quel bilan faite-vous aujourd’hui de la gestion de notre pays depuis l’arrivé du gouvernement de professeur Alpha Condé au pouvoir il y a un an et demi ‘

Louis M’bemba Soumah : Boff, il n’y a eu aucun changement, au contraire c’est un changement à l’envers. On est parti à reculons. Donc le bilan est complètement négatif. Il faut le reconnaître et il faut être honnête pour le dire. Parce que, les gens avaient vraiment de l’espoir après les élections. À l’heure actuelle, les populations souffrent, les salaires sont misérables parce que les prix ne font que galoper. Les commerçants font ceux qu’ils veulent, tous les jours les prix augmentent. Je vous dis que les gens souffrent ; difficilement ils mangent, même les hauts cadres que nous sommes ont du mal à finir le mois. Je vous jure pour nourrir une famille de 7 à 8 personnes, il faut minimum 800.000 et 1.000.000 Fg. Imaginez que le plus haut salaire est 1.500.000 Fg. Le pauvre Guinéen a oublié le déjeuner, le manger du soir ça n’existe plus. Tout est axé sur le repas de midi. Les gens ne mangent qu’une fois par jour et qu’elle nourriture aussi ! On lui a dit, ça ne va pas donc chaque partie doit prendre ses responsabilités, les partis politiques, la société civile, les syndicats et le président de la République pour qu’il y ait un véritable changement.

Guinéenews© : Votre dernier mot Monsieur Soumah…

Louis M’bemba Soumah : Il faut lire avec attention, et savoir lire à travers les lignes pour comprendre ce que nous sommes en train de vivre et de dire. Nous ne sommes pas là pour envenimer ou gâcher quoi que ce soit. Nous sommes là pour dire la vérité, rien que la vérité et nous l’avions dit au chef de l’Etat. J’étais le porte-parole des huit (8) centrales syndicales ; ce jour, je lui ai dit que nous sommes vénus lui dire la vérité et cette vérité c’est quoi, ça ne vas pas et on lui avait tout détaillé. Actuellement, je suis à couteau tiré avec lui et je lui dirai toujours la vérité. S’il veut un véritable changement, il faut qu’il écoute les personnes qui lui disent la vérité, les bons cadres qui ont la confiance du peuple. Toute vérité n’est pas bonne à entendre, mais il faut analyser et accepter.

Guinéenews




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