Allocution de la Secrétaire d’État des USA au Forum du Pdt avec les jeunes leaders africains

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Un grand merci à vous tous. Je suis ravie de vous voir. Il fallait bien que je revienne travailler pour me remettre du mariage de ma fille. (Rires) Et l’une des raisons pour lesquelles je suis revenue, c’est que je tenais à vous souhaiter à tous la bienvenue ici au Département d’État et à vous dire le grand plaisir que nous avons à accueillir ce forum de jeunes leaders.

Je sais que dans le courant de l’après-midi, vous aurez la chance d’aller à la Maison Blanche où vous rencontrerez le président Obama. Et je pense que vous savez, d’après ce que vous avez déjà entendu aujourd’hui et ce qu’a dit mon ami et assistant extraordinaire pour l’Afrique, Johnnie Carson, l’importance de l’engagement et de l’intérêt de ce gouvernement, à commencer par le président, pour l’Afrique et particulièrement pour l’avenir de l’Afrique ; parce que nous savons que ce sont des personnes comme vous tous, et d’autres qui ne sont pas ici actuellement, qui détermineront l’avenir de l’Afrique.

L’Afrique est un continent aux possibilités exceptionnelles, un endroit où il y a tant d’opportunités à saisir. Soixante pour cent de la population de l’Afrique a moins de 25 ans. Il y a donc beaucoup à faire pour s’assurer que ces jeunes soient éduqués, qu’ils soient en bonne santé, qu’ils soient motivés et qu’ils reçoivent les outils qui accompagnent les opportunités. Mais cela signifie également que l’Afrique porte en elle non seulement le potentiel, mais encore la promesse de devenir un leader dans les domaines de l’innovation, de la conception, de la créativité, du devenir de vous tous, de vos familles, vos communautés et vos pays.

Parmi vous, il y a des personnes qui ont déjà lancé des entreprises. Vous avez créé des ONG ; vous avez réalisé des films ; vous avez été des artisans de la paix ; vous avez travaillé avec des jeunes à risque ; vous vous êtes occupés de personnes vivant avec le VIH-sida ; vous vous êtes battus pour que cesse la maltraitance de certains des habitants les plus vulnérables du continent. Vous avez recherché des solutions au niveau local. Et vous avez été témoins de progrès sans précédent depuis votre naissance. La pauvreté et la mortalité infantile ont diminué dans la plus grande partie du continent. Davantage d’enfants vont à l’école primaire. Le Ghana, le Botswana, l’Afrique du Sud et d’autres pays ont récemment organisé des élections remarquables pour leur liberté et leur honnêteté.

Un nombre croissant d’Africains pensent avoir désormais le pouvoir et le devoir de façonner leur propre vie, d’aider leur communauté, de demander des comptes au gouvernement. C’est pourquoi, en dépit de tous les défis dont nous entendons beaucoup parler, je veux me concentrer sur ces progrès, parce que c’est en nous basant sur ces aspects positifs que nous pouvons encourager et entraîner encore plus de progrès. En fin de compte, c’est votre responsabilité. Le président et moi-même croyons fermement en la promesse de l’Afrique et nous pouvons offrir notre contribution de loin ainsi que nos encouragements, mais, en fin de compte, c’est à vous et à vous et à vos communautés qu’il appartient de faire ce qu’il faut pour que les progrès continuent et s’amplifient.

Tous les enfants, tous les garçons et toutes les filles méritent de parcourir tout le chemin que traceront pour eux les talents que Dieu leur a donnés, leur potentiel et leur travail assidu. Cela veut dire que l’éducation est un droit, et non un luxe. Cela veut dire que le plus grand nombre possible de jeunes doit recevoir la meilleure éducation possible. Cela veut dire que toutes les femmes enceintes doivent pouvoir bénéficier de soins prénatals et d’une aide pour l’accouchement pour assurer un bon départ à tous les enfants. Cela veut dire que tout le monde doit pouvoir vivre dans un environnement sûr – une maison, un toit pour se protéger, un salaire équitable pour le travail effectué – et que tout le monde a le droit de suivre ce que lui dicte sa conscience en matière de religion comme de politique et d’exprimer son opinion sans craindre d’être marginalisé, réduit au silence ou pire. Nous croyons que vous avez les talents, la détermination et la capacité nécessaires pour réaliser ces rêves.

Quand le président Obama a prononcé son allocution devant le Parlement du Ghana il y a un an, il a déclaré que les Africains devaient prendre en main leur destinée. Et il s’était engagé à œuvrer avec les dirigeants et les habitants de l’Afrique en tant qu’amis et partenaires dans un esprit de respect mutuel et de transparence. Nous sommes prêts à être vos partenaires.

Qu’entend-on par partenariat ‘ En bref, cela signifie que nous devons rechercher le développement d’une manière différente. Nous devons faire davantage d’efforts pour développer le commerce et nous devons encourager les relations commerciales entre les pays africains. Cela signifie que nous devons rendre le secteur privé plus compétitif. Vous avez été nombreux à avoir le privilège de voyager. Vous vous êtes rendus en Europe. Vous vous êtes désormais rendus aux États-Unis. Vous avez rencontré la diaspora de votre pays et vous entendez souvent parler de son succès. Nous voulons que ce succès se produise à l’endroit même où vous vivez et nous voulons supprimer les obstacles toujours en place. (Applaudissements.)

Nous voulons vous aider à moderniser les moyens qui vous permettent de créer et de distribuer de l’énergie propre, de potentialiser votre agriculture qui est toujours l’activité essentielle et la source de revenus de la plupart des habitants de l’Afrique subsaharienne. Nous voulons vous aider à renforcer les institutions démocratiques. Les élections sont formidables, mais elles ne représentent qu’un élément de la démocratie – la liberté de la presse, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le respect des droits de l’homme et des droits des minorités, donner à chacun un rôle actif dans sa société. Nous voulons appuyer les femmes et les filles pour qu’elles participent pleinement à la vie de leur communauté et de leur pays. (Applaudissements.) Nous voulons redoubler d’effort dans la lutte mondiale contre le VIH-sida, la tuberculose et le paludisme. Nous voulons réagir aux pénuries alimentaires, à la flambée des prix des denrées et à la croissance démographique avec une initiative dotée de plusieurs milliards de dollars pour faire disparaître la faim et parvenir à la sécurité alimentaire. Nous voulons nous joindre à vous pour lutter contre le changement climatique, qui sera dévastateur pour l’Afrique.

Parallèlement, nous voulons que vos voix soient entendues à travers le monde. Johnnie parlaient de mes voyages en Afrique lorsque j’étais la première dame des États-Unis. Je me suis rendue compte à l’époque de tout ce qu’il fallait faire pour que les Américains connaissent mieux l’Afrique. J’avais organisé une table ronde pour les journalistes accrédités à la Maison Blanche et c’était probablement en – disons, 1997 ou 98 – et l’une des premières questions que m’a posées un journaliste – il m’a demandé, quelle est la capitale de l’Afrique ‘ (Rires.) Je me suis dit, oh, je vais avoir du pain sur la planche. (Rires.) Et nous avons fait beaucoup de progrès dans ce domaine aussi – (rires), mais nous avons encore beaucoup à faire. Parce que vous savez bien que lorsqu’on pense à l’Afrique, on pense trop souvent à toutes les tragédies, aux conflits. Nous voulons que les gens voient un tableau plus complet.

Ce forum, ainsi que l’African Women’s Entrepreneurship Program et le forum de l’AGOA qui se tiennent ici à Washington et à Kansas City, dans l’état du Kansas, cette semaine, aideront à nouer des liens entre des leaders, des militants, des entrepreneurs, des investisseurs et surtout des jeunes d’Afrique et des États-Unis. Nous vous invitons à profiter de cette situation. Nous avons conçu ce forum non pas comme un événement unique ; nous voulons créer les liens dont vous continuerez de tirer parti ; nous vous encourageons à penser aux moyens qui vous permettront d’utiliser toute l’aide et les compétences, les références et les idées que nous pourrions vous fournir.

Nous voulons que vous tiriez parti de tout ceci lorsque vous rentrerez chez vous, lorsque vous commencerez peut-être à chercher de nouveaux moyens d’être plus efficaces. Et votre génération de jeunes Africains est déjà une pionnière des technologies de l’information. Vous établissez des liens et donnez des capacités aux gens de façons inimaginables il y a tout juste cinq ans, à fortiori dix ans. Par exemple, la plateforme de gestion des crises Ushahidi est devenue un outil numérique favorisant le changement social à travers le monde.

Ushahidi a été créé par de jeunes Kenyans pour communiquer de l’intérieur des informations sur les violences post-électorales de 2007. Je vous signale en passant qu’un grand nombre des jeunes Kenyans invités au forum n’ont pas pu venir parce qu’ils veulent rester dans leur pays pour voter et poursuivre leur travail au sujet de la constitution qui doit être adoptée très bientôt. Ce nouveau réseau a été utilisé par de simples citoyens qui observaient des élections pour empêcher les fraudes et les violences au Burundi, en Inde, au Soudan, en Guinée, en Namibie. Il est en train de révolutionner et de maximiser ce que peuvent faire les individus sans avoir besoin de demander la permission, en utilisant simplement leurs propres moyens. Nous avons vu la façon dont les derniers outils de communication mobile ont aussi servi au Kenya à éduquer et autonomiser les électeurs en cette période de préparation du référendum de demain sur la nouvelle constitution.

Pour les bonnes idées, les langues et les frontières ne comptent pas. Une technologie créée et déployée d’abord en Afrique a été utilisée par les Marines américains en Haïti pour aider les survivants du tremblement de terre et par un groupe écologiste de la Louisiane pour suivre les efforts de nettoyage de la marée noire du Golfe. Nous faisons tout notre possible pour faire comprendre que notre relation avec l’Afrique ne va pas en sens unique. Nous avons l’intention d’en tirer parti. Nous avons l’intention d’apprendre quelque chose. Nous avons l’intention de nous inspirer de modèles et d’idées que vous nous offrirez au sujet de la façon d’améliorer ce que nous faisons.

Ainsi, pour faire en sorte que les nouvelles technologies servent davantage à faire le bien – et non le mal – nous avons promis d’œuvrer avec des partenaires du monde des affaires, des milieux universitaires et des ONG pour tenter d’exploiter la puissance des technologies de communication pour vous aider à favoriser le progrès économique, politique et social.

Les États-Unis se sont joints à trois partenaires locaux pour parrainer un concours appelé « Apps-4-Africa » – A-p-p-s, tiret le chiffre 4, tiret Africa. Des réalisateurs de logiciel au Kenya, au Rwanda, en Ouganda et en Tanzanie ont proposé des applications pour toutes sortes de choses allant des jeux éducatifs aux téléphones mobiles, de cartes interactives qui localisent les pénuries de sang ou de médicaments à une application de messagerie de masse qui diffuserait des informations dans les villages ruraux en cas d’urgence. Les gagnants seront annoncés en septembre. Et nous espérons que ces collaborations entre des experts techniques et des leaders de la société civile permettront de mettre au point des solutions pratiques qui amélioreront la vie de tous.

Ce concept de ne pas tenir compte des barrières est très prometteur pour l’Afrique. Vous vous en êtes déjà servi. Vous n’avez pas installé de poteaux téléphoniques, vous êtes passés directement aux téléphones portables dans de nombreuses régions de l’Afrique. Votre réseau électrique n’a pas besoin d’être énorme. Il peut être local ou régional et exploiter des sources d’énergie éolienne et solaire aussi bien que des combustibles fossiles. Nous sommes prêts à vous aider autant que nous le pouvons.

Je répète souvent que le talent est réparti également, mais que les possibilités ne le sont pas. L’Afrique ne manque pas d’idées, d’innovations ou d’esprit d’entreprise. Nous voulons que cette conférence soit le point de départ d’un processus dans lequel nous travaillerons avec vous pour vous aider à créer les conditions qui permettront de traduire vos idées en des solutions concrètes pour l’Afrique et le reste du monde.

Je sais que vous avez participé à des ateliers et que vous discutez entre vous, et nous maintiendrons une sorte de centre névralgique après ce forum pour garder le contact avec vous, pour vous offrir une aide si vous en demandez une et pour vous mettre en rapport avec d’autres gens. C’est l’une des façons dont nous tentons de redéfinir la diplomatie, le développement et l’art de gouverner au XXIe siècle. Nous avons récemment tenu un sommet sur l’entreprenariat à Washington où nous avons invité de jeunes créateurs d’entreprises de pays principalement à majorité musulmane qui ont du mal à exploiter le potentiel de leurs habitants dans le domaine de l’entreprenariat. Je pense que les participants sont venus en partie parce que c’était un voyage gratuit à Washington, mais aussi parce qu’ils étaient curieux, ils se demandaient ce que nous voulions. Et ce que nous voulions, c’était leur donner les moyens d’agir, comme nous cherchons maintenant à le faire pour vous.

Nous recherchons des leaders qui comprennent que donner plus de pouvoir aux citoyens est dans l’intérêt de tous. Le monde actuel – où le pouvoir vient du haut d’une hiérarchie – ne peut pas durer. Oh, il peut se maintenir pendant des années, mais il ne peut pas durer indéfiniment. Il y a trop de moyens qui permettent aux gens d’obtenir d’énormes quantités d’information. Et la technologie entraînera la chute de certains gouvernements.

J’espère que l’Afrique va se diriger vers l’e-gouvernement, pour vous permettre d’obtenir plus rapidement les documents dont vous avez besoin pour créer une entreprise ou pour immatriculer une voiture sans avoir à passer par toutes sortes de personnes. Nous sommes à la recherche d’idées de ce type et nous voulons vous aider à les réaliser et à les répandre.

Je suis ravie quand je pense à ce qui est possible pour votre génération en Afrique. Mais vous savez aussi bien que moi que vous êtes ici en partie parce que vous avez déjà réussi. Et un grand nombre d’entre vous auriez la possibilité d’aller presque partout dans le monde à la recherche de vos rêves. Mais vous êtes ici parce que vous vous souciez de l’avenir de votre famille, votre communauté, votre pays. Et je vous recommande la persévérance. Le changement n’est pas facile. Beaucoup de ceux qui tentent d’apporter des changements peuvent connaître la frustration, voire le découragement. Mais c’est un effort qui en vaut tellement la peine, à la mesure de vos talents et de votre engagement.

Vous avez reçu une éducation bien supérieure à celle de la plupart des gens que vous connaissez ou que vous voyez de votre voiture. Vous êtes ici parce que vous avez eu des opportunités et vous les avez saisies. Notre objectif est de vous aider à exprimer votre vision et à la concrétiser. Parce que cela ne sera pas seulement pour vous – bien que j’espère que vous remporterez tous du succès dans les activités que vous choisirez d’entreprendre – mais cela aidera à ouvrir des portes et à supprimer des obstacles ; et lorsque les gens, en particulier les jeunes, verront ce que vous faites, ils sauront qu’ils pourront aussi changer leur avenir.

Bonne chance lorsque vous rentrerez chez vous après ce forum. J’espère que vous serez rempli d’énergie et de la certitude que, quelles que soient les difficultés que vous rencontrerez, vous avez des amis et des partenaires qui veulent absolument que vous réussissiez.

Je vous remercie du fonds du cœur. (Applaudissements.)

(Fin de la transcription)




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