Sidya Touré sur la Présidentielle de 2015: Ce qui pousse Alpha Condé de refuser la présence des observateurs de l’UE (Interview)

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Depuis l’étranger, Le Président de l’UFR, Sidya Touré a accordé une interview ce mardi 23 décembre à la radio RFI. Dans cet entretien, le N°1 de l’UFR dénonce la gestion de l’épidémie Ebola par le régime Alpha, la recomposition de la CENI,l’état de la liberté de la presse et ses inquiétude par rapport à l’organisation de l’élection présidentielle de 2015.
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RFI : Sidya Touré Bonjour ‘
Sidya Touré : Bonjour !

RFI : Quand le Président Alpha Condé dit que l’épidémie Ebola ne va pas empêcher les Guinéens de faire une élection en 2015, est ce que ça vous rassure ou pas ‘

S.T : j’aimerais bien être rassuré, mais je serai rassuré quand je saurai que nous faisons ce qu’il faut pour combattre cette maladie. Les dernières statistiques que j’ai ne vont malheureusement pas dans ce sens. Depuis le mois de juillet nous avons tendance à constater qu’il y a plus de morts et le mois de décembre a connu pratiquement une explosion, parce qu’on est passé de 1200 et quelques morts en novembre à près de 1500 morts maintenant.

RFI : Est-ce que vous pensez que toutes les mesures nécessaires ont été prises ‘

S.T : Je dois avouer que non, dans la mesure où vous avez une coordination qui est gérée à partir de la présidence et vous avez le ministère de la santé qui a les ressources humaines, le matériel mais qui est pratiquement écarté de la gestion d’Ebola. Ce qui fait que nous avons une situation dichotomique qui ne permet réellement pas de donner la pleine mesure de nos capacités dans les soins qu’il faut apporter à nos malades.

RFI : Est-ce que cette épidémie risque de perturber le calendrier électoral ‘

S.T : j’espère que non, parce que la présidentielle est pour Octobre 2015 ; mais il ne faut oublier que cela fait quatre (4) ans que nous devons avoir des élections communales, locales et autres. Et qu’on ne les a toujours pas tenues. Et que pour aller aux législatives, il a fallu manifester pendant près de 2 ans et avoir près de 60 morts pour que trois (3) ans après l’élection du Président Alpha Condé on ait une Assemblée Nationale. Donc, ce n’est pas forcement lié à Ebola. Il y a une tendance en Guinée à faire les choses un peu contrairement à la loi.

RFI : Oui, mais le Président Alpha Condé s’engage à ce que la présidentielle ait liée cette année 2015 ‘

S.T : Nous le souhaitons, malheureusement, pour moi nous n’avons pas connaissance des procédures selon lesquelles la révision va se faire. Nous voyons que la Guinée est en train de refuser l’aide de l’Union Européenne dans le cadre du Processus électoral pour éviter les missions d’observation de cette Union Européenne. J’estime qu’il y a encore beaucoup de choses à faire avant d’arriver aux élections.

FRI : L’un de vos sujets d’inquiétude, c’est la fraude au niveau de l’établissement des listes électorales d’où votre opposition ces dernières années à l’opérateur Sud africain ‘’Weymark’’. Aujourd’hui il est remplacé par le français ‘’Gemalto’’, est-ce que cela vous satisfait ‘

RFI : Non, ce que nous entendons, c’est que tout ceci a été fait sans que nous ne soyons associés. Nous avons eu des négociations avec le gouvernement et le Parti au pouvoir. Il était convenu qu’un Comité de veille assiste la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) qui comprendrait les représentants de l’opposition et de la mouvance. Cela n’a pas été fait. Donc nous ne savons pas exactement qu’est ce tout cela va donner. Nous sommes attentifs et dès la rentrée parlementaire du mois de janvier, nous allons exiger des réponses adéquates à toutes les questions que nous nous posons sur le fichier électoral.

RFI : Alors la CENI justement, vous dites qu’elle est sous le contrôle du pouvoir, mais le Président vous rétorque que c’est vous qui en avait proposé le format et la composition actuelle ‘

S.T : Le Président a oublié que nous avons exigé qu’il y ait une CENI paritaire dans ce pays. Cette CENI veut que quand vous êtes de l’opposition, vous ayez 10 représentants et que la mouvance en ait 10. Aujourd’hui l’opposition ne peut revendiquer que 3 Commissaires à la CENI. Donc nous estimons que cela n’est pas conforme à la loi 016 que nous avons voté ensemble du temps où M. Alpha Condé était opposant.

RFI : Et, que demandez-vous ‘

Nous demandons que cette CENI soit révisée conforment aux résultats des élections Législatives, c’est-à-dire que la parité soit reprise de telle façon que chacun des compétiteurs ait 50% des membres de la Commission Electorale comme cela est prévu par la loi.

RFI : Quand le Président annonce que les futures élections doivent être financées par le Budget de la Guinée, vous êtes d’accord ou non ‘

S.T : ça n’a pas beaucoup de sens dans la mesure où nous sommes dans une situation économique désastreuse. N’oubliez pas que la Guinée a connu un taux de croissance en 2013 avant Ebola de 2% alors que dans l’environnement, le Libéria a eu 8%, la Côte d’Ivoire a eu près de 10% et la Sierra Léone a eu 14%. Nous en étions à 2. Nous avons un déficit budgétaire qui est connu, je me demande quelle est la raison qui pourrait pousser refuser une aide extérieure, si ce n’est pour organiser des élections à la soviétique où personne ne viendrait regarder ce qui s’y passe.

RFI : Est ce que les observateurs européens ont joué un rôle positif dans le passé ‘

S.T : Ils ont joué un rôle positif notamment aux élections législatives, ce qui a permis, après des recomptages qui ont duré des semaines, ce qui a fait qu’à Conakry sur les 5 Communes le Parti au pouvoir n’a pas eu une seule Commune dans la Capitale. Ce sont ces raisons qui poussent Alpha Condé de refuser la présence des observateurs de l’Union Européenne, parce que grâce à leur présence nous avons pu avoir des décomptes assez acceptables au niveau au moins de la Capitale.

RFI : Il n’y a pas des problèmes de liberté de la presse en Guinée affirme Alpha Condé, la preuve il y a plus de 40 radios libres et aucun journaliste en prison ‘

S.T : Ecoutez, aujourd’hui il y a beaucoup de problèmes pour certaines radios ou télévisions parce qu’on ne veut pas leur donner des autorisations. Ensuite on arrête d’indexer des journalistes pour des raisons personnelles. Aujourd’hui je viens d’entendre le cas du journaliste de RFI, le grand Mouctar Bah. Je ne vois pas pourquoi est ce qu’il faut faire une fixation sur un journaliste qui a travaillé en Guinée pendant toute la période de Lansana Conté. Et puis tout d’un coup, au moment où on dit que la démocratie s’installe en Guinée. Il y a des journalistes qui ne peuvent pas y travailler parce qu’on estime qu’ils ne défendent pas votre point de vue. Ça n’a pas beaucoup de sens, j’estime que cela n’est pas admissible dans un pays en voie de démocratisation.
Sidya Touré merci !

Interview décryptée par la Cellule Com de l’UFR




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