Nigeria: Boko Haram multiplie les tueries

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Des “centaines” de morts et des villages rasés mardi, des hommes armés qui tirent dans la foule mercredi et abattent 45 personnes : les massacres attribués aux islamistes de Boko Haram se succèdent ces dernières 48 heures dans le nord-est du Nigeria.

Responsables locaux et habitants ont affirmé jeudi que des centaines de personnes avaient péri lorsque des hommes très lourdement armés, portant des tenues militaires, ont entièrement détruit mardi soir les villages de Goshe, d’Attagara, d’Agapalwa et d’Aganjara, dans l’Etat de Borno (nord-est).

Selon des chefs locaux, entre 400 et 500 personnes ont été tuées.

Ce bilan n’a pas été confirmé par les autorités. S’il se confirme, ce sera l’un des plus lourds depuis depuis le début de l’insurrection islamiste en 2009, qui a déjà fait plus de 2. 000 morts cette année.

“Personne ne peut atteindre cet endroit, où les insurgés se trouvent toujours. Ils ont pris le contrôle de toute cette zone”, a déclaré Peter Biye, un député de la région. “Des corps jonchent toute la zone et les gens ont fui”.

Début mai, un massacre similaire avait fait plus de 300 morts à Gamboru Ngala, une ville de la région.

Mercredi soir, une nouvelle tuerie a coûté la vie à 45 Nigérians en périphérie de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno, berceau de l’insurrection islamiste, ont indiqué jeudi deux habitants.

Des villageois s’étaient rassemblés à Barderi pour écouter des hommes se faisant passer pour des prédicateurs itinérants, courants dans le nord du Nigeria majoritairement musulman, lorsque des hommes armés sont alors “sortis de nulle part” et ont tiré sur la foule, a raconté Mallam Bunu, un survivant. “J’ai compté 45 corps”.

Autre survivant, Kallamu Bukar a également décrit des hommes “déguisés en prédicateurs” rejoints ensuite par des hommes armés, qui “ont aussi mis le feu à plusieurs maisons et boutiques”.

Boko Haram est également soupçonné d’avoir tiré jeudi sur un barrage de l’armée et incendié une église catholique et un bâtiment gouvernemental dans la ville de Madagali (nord-est, Etat d’Adamawa), à seulement 25 km du district de Gwoza où a eu lieu le massacre de mardi, a dit le chef de la localité, Maina Ularamu.

Ce dernier a dit ne pas avoir connaissance de victimes, mais, selon un témoin, deux civils ont péri, pris entre l’armée et les assaillants.

– “Des centaines de cadavres” –

D’autre part, quatre personnes ont été tuées jeudi dans l’explosion d’un véhicule piégé devant la résidence du gouverneur de l’Etat de Gombe (nord-est), capitale de l’Etat du même nom, a annoncé à l’AFP une source gouvernementale.

Dans le district de Gwoza, où se trouvent les quatre villages attaqués mardi, la situation demeurait critique.

“Des centaines de cadavres gisent là (. . . ) parce que personne ne peut aller les enterrer”, a déclaré un chef local ayant requis l’anonymat.

Selon lui, de petits garçons ont été “arrachés du dos de leurs mères et tués”.

Le district de Gwoza longe la frontière camerounaise près de la forêt de Sambisa, où l’armée nigériane concentre ses recherches pour tenter de retrouver plus de 200 lycéennes enlevées le 14 avril par Boko Haram.

De nombreux habitants ont fui au Cameroun. Des soldats ont été déployés pour combattre les islamistes, qui ont pris le contrôle d’au moins sept villages où flotte leur drapeau noir, avait déclaré M. Biye mercredi.

Le chef, parlant sous couvert d’anonymat, a évoqué une “crise humanitaire”, ce qu’a confirmé son homologue Zakari Habu : “les femmes et les personnes âgées de notre village ont besoin d’eau et de nourriture, les blessés ont besoin de médicaments et tous ont besoin d’un toit”.

– Représailles –

L’aviation a bombardé les positions de Boko Haram pour tenter de reprendre la zone, a affirmé M. Biye.

Les quelque 300 habitations du village de Goshe, majoritairement musulman, et ses mosquées ont été rasées et “au moins 100 personnes ont été tuées”, a déclaré Abba Goni, un habitant.

A Attagara, majoritairement chrétien, maisons et églises ont également été brûlées et des dizaines de personnes tuées, selon Bulus Yashi, un autre témoin.

Il a vu dans ces dernières violences “une vengeance” des islamistes, après que les habitants de cette localité ont tué des assaillants ces derniers jours.

Les habitants disent avoir réclamé la protection de l’armée après une attaque dimanche, mais qu’aucun soldat n’a été déployé à Attagara.

Les responsables militaires et les policiers locaux et le gouvernorat de l’Etat de Borno ont été sollicités pour des commentaires par l’AFP sans succès.

Les attaques de Boko Haram ont augmenté en nombre et en intensité ces derniers mois, des villages entiers étant fréquemment détruits, notamment dans l’extrême Nord-Est, frontalier du Cameroun, du Tchad et du Niger.

Quelque 250. 000 personnes ont dû fuir leurs foyers depuis l’instauration de l’état d’urgence dans la région il y a un an, selon un rapport de l’Observatoire des situations de déplacement interne, une ONG se fondant notamment sur les chiffres de l’ONU, qui parle de 3. 000 morts sur la même période.

Tous les jours, près de 800 personnes sont déplacées par les violences, précise l’ONG.

Des milices civiles d’autodéfense prêtent main forte à l’armée dans la lutte contre les islamistes, poussant ceux-ci à se retourner contre la population.

Voisin aujourd’hui le plus concerné par la menace Boko Haram, le Cameroun livre depuis peu une “guerre” aux islamistes. Une vingtaine de personnes soupçonnées d’être liées au groupe ont été arrêtées mercredi à Amchidé (Extrême Nord), selon une source policière.

AFP




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