Le barrage de Kaleta va-t-il enfin changer la vie des Guinéens?

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La mise en service de la première des trois turbines du barrage de Kaleta a eu lieu le 31 mai en Guinée. Un événement important, notamment pour la capitale du pays qui subit depuis des lustres des pénuries d’électricité. Ce projet d’un montant de 526 millions de dollars avait été lancé par Alpha Condé en 2011 peu après son accession au pouvoir. Or, la présidentielle approche et le président avait promis aux Guinéens d’apporter l’électricité à Conakry durant son premier mandat.

Le 31 mai, seule l’une des trois turbines du barrage de Kaleta a été mise en fonction (80 mégawattheure). Mais, sauf retard, les deux autres devraient entrer en service respectivement en juillet et en septembre. Au final, sa capacité totale sera de 240 MWh, soit un barrage de petite taille comparé à celui en construction en Ethiopie (6 000 MWh) ou à celui d’Assouan en Egypte (1 500 MWh). Il est cependant suffisant pour alimenter largement Conakry et une partie de la Basse-Guinée tout en permettant au pays d’exporter environ un tiers de son électricité.

En attendant la mise en route des deux autres turbines, la ville devrait avoir de l’électricité tous les jours en saison des pluies. Mais en saison sèche, elle risque d’avoir un problème d’étiage. Le barrage est situé sur le fleuve Konkoué, qui accueille déjà le barrage de Garifiri lancé en 1999. Il s’agit de barrages « en cascade » et deux autres barrages, dont celui de Souapiti, devront être achevés avant que Kaleta puisse fonctionner à plein régime douze mois par an.

Surtension

En fait, ce sont les retenues d’eau des autres barrages qui permettront de remplir Kaleta. D’autant que jusqu’ici, Garifiri ne produit que la moitié des 155 mégawattheure prévus. De plus, tant que les autres ouvrages ne seront pas achevés, la saison sèche subira une baisse importante de la production d’électricité (environ 40 MWh).

Ceci étant, Kaleta et son extension en cours, Souapiti, vont changer la vie des habitants de Conakry. La capitale guinéenne est sans doute le pire exemple de manque chronique d’électricité en Afrique de l’Ouest. Mais le reste du pays devra encore patienter car le déficit global d’électricité en Guinée est estimé à 400 MWh. Avant d’en arriver là, il faudra aussi veiller à la qualité du courant produit.

Apparemment, les ingénieurs doivent encore régler les problèmes de surtension. Et la vétusté des installations électrique dans de nombreux foyer à Conakry fait d’ores et déjà craindre des accidents. Les consommateurs devront donc veiller à ce que leurs installations soient révisées pour éviter que des transformateurs ne tombent en panne ou, pire, ne provoquent des incendies.

Le montant total du projet est de 526 millions de dollars américains. Le barrage est financé à hauteur de 75% par China International Water Electricity (CIWE). La Guinée apporte le reste via ses fonds propres et ses partenaires comme la CEDEAO, la Banque mondiale, le fonds Mubadala d’Abu Dhabi. La question est cependant de savoir pour la Guinée comment rentabiliser son électricité. On sait qu’environ un tiers de l’électricité sera vendue dans la sous-région : Guinée-Bissau, Sénégal, Gambie.

Mais le véritable enjeu pour Electricité de Guinée est de remettre de l’ordre dans le système de paiement des factures et surtout d’arriver à empêcher une bonne partie des habitants de Conakry de voler l’énergie. De gros efforts ont été faits en la matière et cet impératif de gestion et de facturation est fondamental pour l’électricien guinéen qui a le plus grand mal du monde à équilibrer ses comptes entre ses recettes et ses coûts de production.

RFI/afrique




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