Guinée: la ville de Mamou, l’épicentre de l’immigration clandestine vers l’Europe ? (enquête)

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  Contexte général    

Plus de sept milliards(7.000.000.000) de voisins, deux (2) fléaux sociaux communs : la terreur par tous les moyens possibles et, partout, le déplacement non réglementé par la violation de tout accord national et, ou international d’individus.

Aujourd’hui, certes les guerres en Syrie, au Sud-Soudan,…les revendications territoriales à travers le monde du Nord Mali au Tibet en passant par le Sahara occidental, l’est de l’Ukraine, le Cachemire…, les épidémies des Zika, d’Ebola…, la sècheresse et la famine au Niger, en Ethiopie… ; les feux de forêt au Canada, en Californie… pour n’en citer que ceux-là ; laissent la vedette au terrorisme et à l’immigration clandestine.

L’ONU tire la sonnette d’alarme…

Contexte spécifique : Guinée-Mamou

Ma Guinée ne reste pas en marge de cette triste et terrible actualité mondiale, à rappeler qu’elle n’a jamais été frappée par une quelconque forme d’attentat terroriste de près (national) ou de loin (consulats ou ressortissants). Cependant, elle n’est pas encore un eldorado pour attirer des migrants de la sous région ou d’ailleurs à l’image de l’Angola en Afrique mais demeure une des grandes victimes de la fuite des cerveaux version « quitter le pays par tous les moyens » en quête de vie meilleure affirment t’ils (ils= candidats à l’exil).

Un pays d’environ douze (12) millions d’habitants, deuxième producteur mondial de bauxite (terre de bau) derrière l’Australie et première réserve mondiale de la même matière, château d’eau d’Afrique occidentale, sous-sol et sol riches (agriculture et élevage favorables, fer, diamant, or, hévéa, café, cacao, riz, maïs, acajou,…) suivant une répartition naturelle de régions dotée chacune d’un climat, d’une végétation, d’un relief, d’une culture vraiment spéciaux qui favorisent le tourisme et un grand atout de développement national. Une pluviométrie normale en saison hivernale et du soleil abondant en saison sèche propice aux énergies nouvelles (6 mois par saisons).

Sans doute, tout dévient paradoxale, avec une démocratie à peine naissante (6 ans maximum) dotée d’institution nouvellement installée. Un système éducatif qui malgré les différentes reformes laisse à désirer en occupant un rang d’outsider dans la sous-région. Un taux de chômage hautement élevé avec une population à majorité jeune et active.

Par manque de création de richesses, les industries de l’intérieur du pays à l’image de Rusal Friguia (Fria), la conserverie de Mamou, Salguidia Forécariah… toutes héritées du premier régime post colonial sont de nos jours à l’abandon, la conséquence directe, la capitale Conakry remplie, l’exode rural bat son plein.

Le manque d’emploi, la faible rémunération des employés du public comme du privé, l’essor du secteur informel réservé à quelque groupes nantis, le côté médiocre des médias surtout de l’internet à l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) soutenu jusque là par nos parents, frères et amis de la diaspora qui ne nous montrent jamais la face cachée de l’occident rarement dévoilée dans certains films. Cette triste réalité nous pousse à quitter le pays par tous les moyens en se livrant au pire…

Les consulats sont vides, plus de queue, la clandestinité au profit de la voie légale (VISA).

L’Afrique, ma Guinée se vident et l’Europe se remplie sans calcul aucun…

Mamou-ville carrefour

DSC_0168Une des plus importantes régions administratives parmi les huit (8) que compte la république de Guinée, Mamou avec trois (3) préfectures dont Mamou, Dalaba et Pita, de par sa position géostratégique qui fait montre de ville carrefour entre trois (3) des quatre (4) régions naturelles que compte le pays.

L’Agriculture et l’élevage encore non mécanisés restent des atouts avec un climat et une végétation favorables. Les gisements de bauxite de Pita encore non exploités, l’artisanat de Dalaba non subventionné. La seule unité industrielle de la conserverie de Mamou fruit du premier régime à l’abandon.

Le Secteur privé en pleine mutation avec l’implantation de quelques banques privées, agences téléphoniques, l’avènement de radios privées. Côté informel, le commerce en plein essor avec la rénovation des infrastructures publiques lors des travaux de la fête tournante de l’indépendance (56ème Année).

L’institut universitaire de Telico encore moins convoité offre une formation certes à l’image des autres facultés du pays (peu qualifiée).

Depuis trois (3) bonnes années maintenant, contre toute attente Mamou est devenue l’épicentre de l’immigration clandestine en Guinée pourtant elle n’est pas une localité frontalière. La ville s’est vite vidée de sa jeunesse très jeune encore des -18 ans derrière toute surveillance parentale au su et au vu des autorités (police, gendarmerie…) et aussi la complicité des syndicats de transport et chauffeurs.

A signaler que la plupart des ces enfants sont sortis après avoir dépouillé leur parent ou famille d’accueil de sommes d’argent parfois significatives.

D’autres ont réussi le but d’atteindre l’Europe via la Libye ou le Maroc, pendant que d’autres sont encore casés aux côtes de la méditerranée côté africain en attente de frais de passage car les passeurs eux font leur boulot en complicité avec les autorités non inquiétées. Pire, certains ont perdu et continu de perdre la vie lors de naufrage en mer, d’autres dans le désert du Sahara entre le Mali, le  Niger et l’Algérie. D’autres dans les geôles de fortune du désert chaud.

Un fait très marquant m’a attiré l’attention : jusque là aucun média guinéen ou étranger, aucune O.N.G spécialisée ne s’est rendu à Mamou afin de trouver le pourquoi de ces départs massifs, pourquoi le silence coupable des autorités, l’état des familles touchées ou éplorés.

Dans la soirée du 23 juillet j’ai attendu dimanche matin pour tâter le terrain en commençant par les familles victimes ; les situations et les cas diffèrent, on rencontre certains qui ont perdu leur (fils, neveu, frère, enfant adoptif,…), d’autres ont pu les assisté financièrement depuis le Maroc ou la Lybie pour leur traversée tandis que d’autres croupissent encore sur les rives méditerranéennes ou dans les rues marocaines. Les familles préfèrent qu’ont garde leur anonymats.

Une chose est à retenir et elle est commune : tous les candidats sont à 98% des mineurs (-18 ans), tous ont presque dépouillé de l’argent sans accord parentale ou familiale, rarement des filles candidates.

Puis le grand jour arrive ce lundi 25 juillet dans la matinée, en me rendant à l’épicentre même du fléau : la gare routière de la conserverie toujours dans la commune urbaine de Mamou. C’est là que des milliers de jeunes mineurs ont pris le départ depuis 2013 sous le regard coupable des syndicats, chauffeurs, petits commerçants, policiers et gendarmes car située à quelques encablures (≥1km) du gouvernorat, des bâtiments de la gendarmerie nationale et de celle territoriale.

Il était 11H ce matin du 25 juillet sous une pluie fine après des jours de suite de forte précipitation, la gare routière de la conserverie était à peine vide de passagers et véhicules.

Sur la ligne  « Mamou-Siguiri », une seule Peugeot 55 sans clients potentiels affirme le chef de ligne Mr FOFANA qui préfère garder le mea culpa sur le sujet.

Au bureau des syndicats (responsables du lieu) un seul interlocuteur, l’adjoint au chef qui m’a exhorté de me rendre à Dabola devenue le nouveau point de départ des petits clandestins. La gare routière de la conserverie, le carrefour du KM7 (sortie vers Dabola) ont perdu leur affluence.

Auteur: SOW MAMADOU BOBO journaliste, environnementaliste, activiste anti-immigration clandestine

leydji2006@yahoo.fr

 

 




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