Guinée: On ne me verra plus à l’école (hommage à Ismaël Bah)

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Demain on ne me verra plus à l’école

Je n’irai plus au tableau, contemplerai plus les tôles

A la recherche d’une réponse à la question du jour

Car la balle a ôté ma vie en plein jour.

La balle de la politique que je n’aimais

Pourtant je rêvais

Je rêvais jouer encore et encore avec mes amis dans la cour

Comme toujours avant et après les cours.

C’est fini pour moi, je ne verrai plus ma mère

Je ne dirai plus père

Je veux devenir professeur !

Oui je n’embrasserai plus ma mère

Celle qui m’a porté, allaité, bercé

Celle qui comptait

Sur mon avenir. Mère !

La politique m’a tué

Je ne sais qui accuser

Ce qui est sûr je ne manifestais pas.

Bien que je revendique, je ne pensais qu’a mon avenir qui avançait à grand pas

Quand il logea une balle dans mon corps.

Je ne sais qui il est et pourquoi il m’a choisi.

Pourquoi il a choisi d’être un tueur ? On ne le saura jamais, j’ai dit.

Demain mon corps sera à terre,

On m’oubliera après l’enterrement peut-être.

Mais dans l’Au-delà je poursuivrai mon chemin interrompu,

Dans l’Au- delà je dirai au créateur, ce que sur terre, j’ai vécu.

Je laisse mon innocence à mon assassin et son maître

Qui font la fête sur mon cadavre.

Ne pleure pas mère ! Ne pleure pas père !

Dans l’autre monde on verra ce que Dieu désire !

Par Alpha Abdoulaye Diallo, journaliste & poète

Poème en hommage à Ismaël Bah, élève tué lors d’une manifestation à Conakry, le 20 septembre 2017




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