Guinée: événement de Ouagadougou, le sort de Dadis, les militaires au domicile de Sidya Touré, ébola, retard des élections locales et présidentielle de 2015. Dr Korsé de l’UFD se prononce

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Conakry- Dans cet entretien exclusif accordé à notre rédaction, Dr Abdoulaye Korse Baldé, le responsable en charge des Relations extérieures de l’Union des Forces Démocratiques (UFD) s’exprime sur les sujets brulants de l’actualité.

Lisez:

Afrinews.org: en tant qu’acteur politique guinéen, quelles leçons tirées-vous des événements de Ouagadougou qui ont conduit au départ de Blaise COMPAORE ‘

Dr KORSE Balde: Merci Mr BAH de me donner l’opportunité de m’exprimer à travers votre site qui est bien visité.

Bien qu’obligé de méditer désormais, sur ce qui est considéré « homme politique en guinée », j’accepte votre qualificatif « acteur politique ».

Ceci dit, j’avoue que les leçons à tirer des événements de Ouagadougou qui ont conduit, plutôt à la chute et à la fuite de Blaise COMPAORE sont nombreuses. Celles qui font écoles et qui doivent inspirer toute l’Afrique où il ya violation des droits et des lois constitutionnelles sont entre autres :

La bravoure et la clairvoyance du peuple Burkinabé. Cela illustre bien le pays des hommes intègres voulu par Thomas SANKARA.

Il ya aussi à noter la lucidité des forces vives en général et celle de la classe politique en particulier qui a permis de gérer harmonieusement cette crise, d’ailleurs toujours en cours, en privilégiant l’intérêt national, en reconnaissant l’apport de tous et de chacun. C’est certainement cette solidarité sans faille qui a été la caution de maintenir la cohésion et la confiance en son sein, qui nous fait espérer que la victoire du peuple burkinabé sera totale. Je le dis en connaissance de cause, Car sans ces vertus, il était facile comme ça été le cas ailleurs, de crier victoire dès l’annonce de la chute de COMPAORE et que des manœuvres politiciennes font éclater des rivalités et des frustrations qui n’ont pas raisons d’être entre les partisans d’hier qui auraient à gagner tout ensemble.

Il ya aussi et surtout, la preuve que nulle œuvre humaine fondée sur le mensonge fût elle un Etat ne peut survivre éternellement à la vérité et à la volonté populaire. Qu’est à dire ‘ Ni l’opposition politique, ni la société civile, ni la jeunesse fortement mobilisée et engagée dont le rôle a été prépondérant dans les manifestations insurrectionnelles du 30 octobre, encore moins Blaise COMPAORE et sa mouvance ne prévoyaient la fin de ce régime enraciné depuis 27 années.

En dépit des morts qu’on pouvait éviter n’eut été l’obstination d’extrémistes profiteurs du régime, celui-ci est tombé comme un échafaudage de carte.
Une autre leçon à tirer (pour nos gouvernants) et pas des moindres que le prix de la boulimie du pouvoir, l’entêtement face à l’évidence sponsorisé par des proches obsédé par leurs propres avantages délictueux est de perdre un an de pouvoir qui était acquis, du confort, du privilège … et mieux, perdre une sortie « honorable ».

La dernière leçon à tirer que je voudrais citer est bien sûr ce message éloquent à l’endroit des cadres politiques et administratifs zélés aux causes d’un homme et non à l’institution qu’incarne l’homme ; à ces commis aveuglés par le profil personnel que c’est le sort de l’Ex. Président de l’Assemblée nationale burkinabée qui les attend tous. Celui-ci a au moins une triple perte : il ne peut jouir d’être le civil chargé d’assurer la transition que la constitution réhabilitée lui en donnerait. Il est exilé ignoré avec la psychose d’être recherché. Il s’est discrédité sur le plan éthique et politique.

Un autre constat qui se confirme dans mon subconscient qu’il faut noter : que les peuples qui en lutte doivent savoir qu’ils ont la plénitude de leur combat. Les communautés sous régionales, africaines ou internationales ne les aideront qu’à gérer ce qu’ils auront conquis, mais jamais pour conquérir quoi que ce soit. Pour moi elles font le médecin légiste qui intervient dans l’autopsie.

Afrinews.org: Pourquoi méditez-vous désormais, sur ce qui est considéré « homme politique en guinée », avant d’accepter le qualificatif « acteur politique » ‘ et Pourquoi dites vous « Je le dis en connaissance de cause, Car sans ces vertus, il était facile comme ça été le cas ailleurs, de crier victoire ‘

Dr Korsé Baldé: C’est vrai, il m’arrive maintenant et souvent de réfléchir s’il faut arrêter ou continuer ce combat politique que j’ai commencé en septembre 1991. Car, malgré ma conviction et mes vives protestations à tous ceux qui assimilaient la politique au mensonge, à la duperie, à la trahison etc. …, ils présentent en guinée, les politiciens de façon péjorative. Je commence à douter de la volonté de beaucoup d’entre ceux-ci, de se comporter de façon à démentir cette thèse.

Je dois cependant vous confirmer compte tenu du devoir patriotique, je ne baisserai pas les bras et je ne renoncerai pas au combat pour ma patrie. Comme disait Aimé CESAIRE « même si la défaite est certaine, ne pas se battre pour une cause noble est hypocrite »

Quant à la 2eme partie de votre question, je ne suis pas en train de démobiliser. Je souhaite quand même que les erreurs du passé servent à l’opposition guinéenne pour le bien du peuple au nom de qui nous jurons tous nous battre. Vous vous souviendrez de ma lettre ouverte adressée à l’opposition républicaine (OR) le 13 Aout 2013, soit 41 jours après « les fameux accords du 03 juillet 2013 » que vous aviez publiée dans les colonnes d’Afrinews. Elle était intitulée « si vous pensez que le Combat et terminé, alors la bataille n’est pas gagnée » Je l’avais écrit, parce que j’ai été surpris qu’en plus de 5 semaines l’Opposition Républicaine n’a tenu qu’une plénière le 6 juillet contre habituellement 3 en moyenne par semaine. Les résultats des législatives de septembre et la victoire illogique même avec les fraudes en disent le reste. Voila pourquoi j’ai apprécié et encouragé la solidarité des acteurs politiques burkinabés qui est une vertu qui a permis la chute de Compaoré, la retraite du général Traore puis du Colonel Zida, du renvoi de l’Ex mouvance des négociation en cours etc. …

Afrinews.org: Pensez-vous que ce scenario est envisageable dans le contexte guinéen ‘

Dr Korsé Baldé: Bien sûr que Oui. N’oublier pas que le peuple de Guinée est héroïque. Mieux, il ya d’autres raisons qui font qu’il ne sera plus possible aux dirigeants africains y compris les Guinéens de commander dans la tranquillité leurs peuples qu’ils oppriment. Le vent qui déferle dans le monde entier ne permet plus de dissimuler même ce qui est considéré comme secrets. Il faudrait qu’en Guinée qu’on reprenne le flambeau en faisant plier les tenants du pouvoir, s’ils violent un seul article de notre constitution, car il s’agira de parjure. Je sais cependant que le communautarisme et l’ethnocentrisme forgés par les politiques, encensés par le pouvoir du RPG arc en ciel est un grave frein a l’unité d’action du vaillant peuple de Guinée. Je fonde l’espoir qu’il saura transcender ces manipulations qui sont à son détriment.

Afrinews.org: Quel sort pour le capitaine Dadis qui vit en exil dans ce pays ‘

Dr Korsé Baldé: Je crois savoir que le capitaine Dadis s’est retrouvé à Ouaga malgré lui. Depuis, il dit avoir signé volontairement et librement une déclaration de la 2ème version de la transition (Janvier-Décembre 2010). Les quelques fois que j’ai eu l’occasion de lire ces interviews, nulle part il ne fait mention d’être contraint à vivre au Burkina. Il aurait toujours soutenu qu’il est libre de revenir quand il voudra mettre fin à sa soit disante « convalescence ». Seulement, je fais constater qu’à l’ occasion du Décès de sa maman il ya eu un scenario pas ordinaire. Je ne me plaindrai pas à sa place des restrictions qu’il aurait subit. Pour moi la question qui se pose n’est pas quel serait le sort du Capitaine Dadis du fait de la chute de son tuteur ‘ C’est plutôt celui de ceux qui ne veulent pas le voir en Guinée. Je pense que Dadis a plutôt à se soucier de son sort par rapport aux 157 morts les milliers de blesses, les dizaines de femmes violées et des disparus.

Je n’ignore pas que cela comporte un dilemme pour le pouvoir du RPG (parti au pouvoir, ndlr), car le livrer à la CPI casserait le rythme populiste de sa campagne ; le garder ici en influençant la justice guinéenne à trainer les pats est se mettre une épine sous le pied.

Afrinews.org: Parlant de la situation politique actuelle de notre pays, un de vos collègues de l’opposition, en l’occurrence Sidya TOURE de l’UFR affirme que son domicile a été encerclé par des militaires. Votre réaction ‘

Dr Korsé Baldé: Le président Sidya aurait tout simplement appelé l’opposition à reprendre ses manifestations comme tout le monde a constaté que Mr Alpha CONDE est en campagne malgré l’Etat d’urgence sanitaire que lui même a décrété par contrainte pour cause d’EBOLA. Cela a valu le déploiement des agents de forces de sécurité payés par le contribuable guinéen pour terroriser en dehors de toute procédure un citoyen fut il opposant au régime. Décidément la trouille s’empare toujours de celui qui se reproche de quelques choses.

Je pense qu’indépendamment des annonces il va falloir que l‘opposition se mobilise, réfléchisse et s’organise à faire respecter le droit dans ce pays. C’est l’occasion pour nous à l’UFD que nous réitérons notre appartenance à l’opposition républicaine, mais réclamons sa réorganisation de façon à garantir la transparence de son fonctionnement et de s’entendre sur une base claire de notre collaboration.

Afrinews.org: Ebola persiste dans le pays. Les présidentielles de 2015 approchent. L’organisation des élections locales tarde à venir. Quelle solution préconisez-vous ‘

Dr korsé Baldé: Je regrette qu’Ebola ait décimé des familles entières, qu’elle ait déstabilisé l’équilibre socio- économique du pays. Je regrette aussi que du fait d’Ebola, nous ayons vécu le drame de Wome et ses conséquences qui continuent de faire des morts. Je regrette surtout qu’en dépit de toute cette souffrance du peuple de Guinée que Ebola soit le fond de commerce d’autres guinéens ou une occasion de faire campagne politique politicienne.

Je souhaite pour le bien des guinéens et du personnel de santé qui a payé un lourd tribu que Ebola soit jugulée éradiqué du monde entier. Nous, à Dalaba, bien qu’on en parle peu, nous sommes arrivée à bout de cette maladie grâce à la mobilisation des ressortissants appuyés par les ONG ACAUPED et Ecole de solidarité de Dow Bodié

Ebola ne constitue même pas un prétexte que le pouvoir peut exhiber pour justifier la non tenue des élections locales. Car, elles devaient se tenir au courant du 1er trimestre 2014 alors qu’elles n’ont jamais fait l’objet de programmation, même pas de budgétisation.

Je ne suis pas pessimiste, mais je me souviens et je vous en rappelle, qu’en 2010 le candidat du RPG au second tour de la présidentielle qui n’était pas encore président de toute la Guinée avait réussi l’exploit de faire attendre le second tour le temps qu’il a estimé nécessaire (soit 17 semaines au lieu de 2 que prévoit la constitution) pour son succès. Quelles difficultés va –t-il avoir à berner le peuple qui a encore à apprendre de lui pour retarder les prochaines échéances.

Afrinews.org: Merci

Dr Korsé Baldé: A moi de vous remercier

Interview réalisée par Abdoulaye Maci Bah pour Afrinews
+224 622 44 99 66




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