« En face du candidat du RPG, nous avons un fonctionnaire qui représente tout ce qui a fait le retard de ce pays», déclare Dr Ousmane Kaba responsable de la coalition- RPG

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Dr Ousmane Kaba est Fondateur de l’Université privée Kofi Annan. Il est également le président du Parti Libéral pour l’Unité et la Solidarité (PLUS). Il en était le candidat pour la présidentielle du premier tour du 27 juin dernier. Aujourd’hui, Dr Ousmane coordonne les alliances politiques en faveur d’Alpha Condé du RPG annoncé au deuxième tour par la CENI. Nous l’avons rencontré dans son bureau à l’Université Kofi Annan où il s’est prêté aux questions de notre rédaction. Lisez !

Tamtamguinee.com : Dr quel commentaire faites-vous sur le score que votre parti PLUS a obtenu lors du premier tour de la présidentielle du 27 juin dernier’
Dr Ousmane Kaba : Ce sont les mêmes plaintes que tout le monde. En réalité, il y a beaucoup de cas de fraudes. Je vous donne juste un exemple. Dans la préfecture de Kissidougou et dans la sous-préfecture de Gbangbadou, il y a eu des villages là bas qui ont voté pour le parti PLUS d’où nous avons totalisé exactement 2711 voix. Mais, il se trouve que dans l’ensemble de la préfecture de Kissidougou quand on a eu les résultats, nous avions eu à peu près 580 voix. Cela vous donne une idée de la non fiabilité des résultats. Le deuxième cas illustratif est Gbantama, au village du défunt Président Lansana Conté, où nous avons eu 288 voix dans ce petit village de Dubréka. Mais, dans toute la ville de Dubréka, nous n’avions eu que 76 voix lors des résultats provisoires. Quel crédit l’on peut accorder à ces élections ‘ C’est la raison pour laquelle nous disons qu’il y a beaucoup de tricheries, l’élection n’a pas été sérieuse.

Pensez-vous que ces irrégularités sont de nature à remettre en cause ces élections ‘
Je n’en sais rien, c’est à la cour suprême de se prononcer. Avec honnêteté, ce que je sais, je me dis sincèrement, si nous avions eu des élections transparentes sans aucune tricherie, on aurait encore les deux mêmes candidats au second tour, le Professeur Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo. Puis que, ce sont les plus populaires. Le mieux, c’est de continuer et de s’assurer que le second tour sera mieux que le premier.

Quelles sont vos propositions pour minimiser les risques de fraudes au second tour puis que la CENI a quand même montré quelques limites dans l’organisation du scrutin du 27 juin ‘
Je pense que c’est toute la Guinée qui est en pleine réflexion, tout le monde a relevé dans son carnet des fraudes électorales, et chacun a son mot à dire pour ce qu’il faut faire pour les prochaines échéances électorales. En ce qui me concerne, j’insiste beaucoup sur l’impunité, il faut qu’on arrête cela. Tous les jours, on prend des gens avec des urnes, si l’on veut que le deuxième tour soit crédible, la meilleure façon est d’abord de punir publiquement ces gens là pour dissuader d’autres voulant faire la même chose.
Tout le monde est entrain de parler de délai de préparatifs, de cours à donner comme formation, ce n’est pas la solution. La meilleure manière, est de mettre fin à l’impunité, de sanctionner sévèrement ceux qui ont fait des infractions. Si l’on va sur l’aspect technique des préparatifs, on perd le temps parce que l’homme malhonnête est toujours malhonnête. Cela n’a rien à avoir avec la formation ou le délai. D’ailleurs, plus vous donnez des délais, plus les malfaiteurs gagnent du temps. Ils vont envoyer cette fois-ci des imprimeurs pour éditer les bulletins de vote. Le vrai problème est l’impunité et personne n’en parle. On accuse le délai, je suis d’accord que le délai était court mais, la preuve en est que les guinéens avaient la capacité technique de préparer de bonnes élections. Partout où il y a eu rupture d’urnes, ce n’est pas une question d’organisation mais, plutôt les urnes ont été utilisées à des fins de fraudes. C’est pourquoi, il n’y avait pas suffisamment d’urnes en Haute Guinée et ce sont ces urnes qu’on découvre tous les jours dans les quartiers. Et si l’on ne punit pas, le second tour va être catastrophique.

Pour bon nombre d’observateurs, le premier tour a été un vote communautaire. Quel est votre avis par rapport à cela ‘
Chacun à voter pour ses tiens. Mais je ne suis pas très sûr si cela est antidémocratique. C’est aussi de la démocratie, que les gens votent pour leur enfant, pour les gens auxquels ils croient. C’est tout à fait normal. Mais, au second tour, il y aura des regroupements moins ethniques, moins communautaires.

Pourquoi le PLUS a décidé de soutenir aujourd’hui le RPG au second tour ‘

Nous avons pensé que c’est le meilleur candidat parmi les deux présentés au second tour. Vous savez, il faut avoir confiance. Je ne pense pas que ceux qui symbolisent la mauvaise gouvernance, s’ils dirigeaient un jour la Guinée, ne pourront pas donner le bonheur au peuple de Guinée. Comme souvent on dit, on prend toujours les moins mauvais des candidats.

Quelles seront les chances de succès du RPG si jamais les résultats provisoires sont validés par la Cour suprême ‘

Je pense que sûrement, c’est le RPG qui va remporter ces élections présidentielles 2010. Vous avez vu la liste des alliances que nous avions déjà pu mobiliser autour du Pr Alpha Condé. Il y a déjà 14 partis, 3 ou 4 qui sont en route.

Lesquels ‘

Non, je ne peux pas vous le dire à partir du moment où ils ne se sont pas prononcés officiellement. Les 14 partis alliés ont déjà signé en bonne et dû forme des accords avec le parti RPG. Une écrasante majorité va se former et le peuple de Guinée va sans doute massivement voter pour le Pr Alpha Condé. Je n’ai aucun doute là dessus.

Que dites-vous de la vente des cartes d’électeurs ‘ Récemment, on a pris un citoyen entrain de vendre sa carte d’électeur au siège d’un parti politique ‘

Vendre ou acheter une carte d’électeur, c’est un crime, un délit qui mérite la prison. Quand je parle d’impunité, c’est de cela aussi qu’il s’agit aussi. Comment des gens peuvent se promener avec de l’argent en poche pour racheter des cartes des électeurs illettrés ou très pauvres. C’est la raison pour laquelle j’insiste à une punition exemplaire avant le second tour. Il risque d’avoir de grandes surprises en terme de fraudes au second tour.

Vous avez décidé aujourd’hui de vous rallier au RPG mais, le reproche qu’on fait le plus au Pr Alpha Condé est qu’il manque d’expérience dans la gestion des affaires publiques. Qu’en dites-vous’

Cela m’étonne, parce que un professeur d’université qui donne des cours de droit à la Sorbonne, qui a déjà créé des entreprises qui ont marché, qui ont aidé les autres pays à se développer, et que l’on dise que ce dernier manque d’expérience, c’est vraiment un jeu de mot. Un homme de 72 ans ne peut pas manquer d’expérience. Il faut être sérieux, peut-être, il faut lui reprocher d’autres choses mais pas du manque d’expérience. Maintenant, si vous pensez que l’expérience humaine c’est l’expérience qu’a l’administration guinéenne, où les gens se permettent de faire tout ce qu’ils veulent en toute impunité, je pense que ça c’est une expérience dévastatrice qu’il faut plutôt fuir.

Dr Kaba, après avoir claqué la porte de l’Union des forces républicaines – UFR, est-ce qu’on peut savoir les rapports qui vous lient actuellement à M. Sidya Touré président de l’UFR’

Nous avons de bons rapports. A l’époque, nous nous sommes séparés sur l’importance à accorder à la lutte contre l’impunité et à la corruption. Ceci dit, nous n’avons aucune autre divergence. Sur le plan personnel, on s’entend très bien.

Par rapport à la publication des résultats des audits auxquels vous attachez une importance particulière, est-ce que vous en avez discuté avec le Pr Alpha Condé ‘

Est-ce que vous vous n’attachez pas de l’importance à connaître la vérité ‘ Ce qui m’étonne chez les journalistes guinéens, c’est que vous ne posez jamais des questions à la personne indiquée. Le chef du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale, tous les gros candidats qui représentent les partis des forces vives, ont tous vu le rapport d’audits. Mais, pourquoi n’allez-vous pas les demander de publier le rapport d’audits ‘

On vous pose la question, parce que vous étiez quand même superviseur du comité d’audits…

J’étais bien sûr responsable, j’ai écris le rapport avec des experts assermentés. Ce n’est pas moi qui ai fait les audits plutôt des inspecteurs guinéens. J’ai dénoncé et donné un rapport qui devrait être publié. Figurez-vous qu’on m’a dit, attendez, nous sommes en pleine élection. Ce qui est alors extraordinaire parce que les guinéens font toujours le contraire de ce que le monde fait. C’est pas pour rien, la Guinée est un pays malheureux. J’étais mal placé en ma qualité de candidat aux élections présidentielles de publier ces résultats. Je ne l’ai pas fait aussi, parce que, sur le plan déontologique ce n’est pas indiqué. Le nom d’aucun candidat des 24 n’est indiqué dans ces audits. Mais, ici c’est le pays de l’amalgame. Tout le monde fait comme si en publiant les résultats d’audits, cela va mettre la candidature de X ou Y en difficulté. C’est ridicule à partir du moment où aucun candidat n’est mis en cause. Les voleurs dont il est question dans ces 9 dossiers n’ont rien à avoir avec la politique. Voyez-vous la force de l’amalgame et de la propagande.

Votre mot de la fin
Nous avons une grande alliance qui est entrain de se former, qui comprend pratiquement une bonne partie de toute la Guinée. Je pense que cette alliance va gagner, c’est dans l’ordre naturel des choses. En Guinée, c’est un peu étonnant, quand il y a le premier tour, chaque région vote pour son candidat, on dit que c’est ethnique.

Au second tour, les régions sont obligées de se regrouper selon la qualité des candidats, là aussi on dit que c’est ethnique. Tout guinéen est forcement membre d’une ethnie dans le pays. Je pense qu’il faut avoir l’honnêteté de regarder la qualité des candidats en face. D’un côté, nous avons un homme expérimenté même s’il n’a pas l’expérience de la mauvaise gestion guinéenne, qui a la capacité intellectuelle, qui a la carrure internationale et de l’autre côté, nous avons un fonctionnaire qui représente tout ce qui a fait le retard de ce pays. Ce ne sera pas étonnant que la majorité des guinéens vote pour le premier, si l’on veut être objectif.

Interview réalisée par Naby Chérif & Ismael Camara
source : tamtamguinee




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