Elections locales en Guinée: l’opposition veut le respect de l’Accord Politique du 20 août (déclaration)

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L’Opposition Républicaine exprime sa vive préoccupation en raison des violations répétées de l’Accord politique du 20 aout 2015 destiné à qualifier le processus électoral et à améliorer la situation des Droits de l’Homme en Guinée. Elle rappelle que la mise en œuvre des dispositions contenues dans cet Accord devait permettre entre autres mesures, la reforme de la CENI, l’assainissement et la consolidation du Fichier Electoral et la tenue des Elections Communales et Locales avant la fin du premier semestre de l’année 2016.

L’Opposition déplore que par des manœuvres dilatoires, le Gouvernement et la mouvance présidentielle retardent l’application des dispositions convenues pendant que la CENI élabore et publie de manière unilatérale un chronogramme électoral sans que le mécanisme de concertation et de suivi prévu dans l’Accord du 20 aout dernier n’ait été préalablement consulté.L’Opposition met en garde contre toute tentation de la CENI d’ignorer les dispositions de cet Accord et de poursuivre sa fuite en avant et sa politique de fait accompli dans la conduite du processus électoral. En particulier, l’Opposition rejette fermement le chronogramme établi par la CENI qui fixe au mois d’octobre 2016, l’organisation des Elections Locales, soit un autre report de quatre (4) mois. Elle lui enjoint de se conformer à l’Accord politique du 20 août 2015 ou à tout le moins, de soumettre à l’approbation du Comité de Suivi, toute suggestion relative à une modification quelconque du calendrier électoral convenu.L’Opposition rappelle également que les différentes sessions du Dialogue Politique et les Accords Politiques du 3 juillet 2013 et du 20 août 2015 qui en ont résulté ont été rendus nécessaires parle refus des autorités de se conformer aux dispositions de la Constitution et des Lois. Il devient évident que l’objectif inavouable du pouvoir est d’instaurer en Guinée un régime peu respectueux des principes démocratiques et des Droits de l’Homme pérennisé par un processus électoral piégé et des institutions républicaines entièrement inféodées à l’exécutif.

Au nombre des violations de la Constitution et des Lois à la base de la crise politique actuelle dont la responsabilité incombe totalement au Gouvernement et à la CENI figurent notamment :

  • Le non-respect des délais légaux d’organisation des élections locales avec des exécutifs locaux actuels dont les mandats ont expiré depuis six années
  • La dissolution de Conseils Communaux, l’installation et le maintien de Délégations Spéciales en dehors des procédures et des délais prévus par le Code des Collectivités Locales
  • L’inversion de l’ordre des Elections Communales et Présidentielle, en violation des dispositions             de la Constitution, du Code Electoral, du Code des Collectivités Locales, de l’Accord Politique du 03 juillet 2013 et du Protocole de la CEDEAO sur la Démocratie et les Elections ;
  • Le tripatouillage du Fichier Electoral par l’enrôlement massif de mineurs dans les fiefs du Pouvoir et le maintien d’un nombre considérable de doublons ;
  • Le maintien d’une CENI qui a perdu toute légalité en raison de la rupture totale de parité dans sa composition et toute légitimité du fait de sa partialité avérée en faveur du Pouvoir ;
  • La violation systématique du principe constitutionnel de neutralité du service public et la fermeture totale des médias de service public aux sensibilités politiques non favorables au Pouvoir ;
  • La restriction drastique des libertés de manifestation et de cortège pourtant consacrées par la Constitution ;
  • L’usage courant d’armes à feu dans les opérations de maintien d’ordre avec comme corollaire la mort de 64 manifestants par suite de tirs à balles réelles ;
  • Le refus des autorités d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs et commanditaires de ces violences, entretenant ainsi à dessein une impunité totale qui encourage la récidive ;
  • Le retard pris par le Gouvernement dans l’application des mesures d’indemnisation des victimes des manifestations de l’Opposition, conformément aux dispositions de l’Accord Politique du 03 juillet 2013 reprises dans celui du 20 août 2015 ;
  • Le non respect du principe d’indépendance et de séparation des pouvoirs par l’immixtion flagrante de l’exécutif dans le fonctionnement de la CENI, des institutions républicaines et du système judiciaire.

L’Opposition exige l'application des dispositions de l'Accord Politique du 20 août 2015 et la revue à la baisse immédiate du prix du carburant à la pompe.Par ailleurs, l’Opposition Républicaine désapprouve fermement le refus du Gouvernement d’accéder à la demande sociale pressante exprimée par le peuple de Guinée ces dernières semaines en vue de l’amélioration de son pouvoir d’achat fortement érodé par des années de malgouvernance et par les effets dévastaeurs de l’épidémie d’Ebola. L’obstination des autorités publiques à maintenir en l’Etat les prix à la pompe des produits pétroliers, confirme si besoin en était, le peu de considération qu’elles accordent à la misère généralisée qui frappe les populations d’un pays entré en récession économique bien avant l’épidémie d’Ebola. Cette autre violation de ses engagements par le Gouvernement qui avait pris la résolution de respecter le principe de la flexibilité des prix des hydrocarbures en les modulant en fonction des cours mondiaux du pétrole est révélatrice de la malgouvernance qui sévit en Guinée ces dernières années. En dépit d’une baisse historique du cours du baril qui a perdu ces deux dernières plus de 70 pour cent de sa valeur, les autorités s’opposent catégoriquement à toute baisse, même symbolique, des prix à la pompe. Cette situation ajoutée à l’augmentation de la pression fiscale générée par une hausse des taxes à l’importation de denrées de première nécessité ainsi que l’effondrement de la monnaie nationale par rapport aux devises étrangères contribuent au renchérissement des produits de base et à la diminution drastique du pouvoir d’achat des populations. En accusant l’épidémie d’Ebola d’être la cause de ce marasme économique, le Gouvernement feint d’ignorer qu’elle résulte avant tout de la malgouvernance et notamment de la grave saignée financière occasionnée par les détournements, la corruption généralisée, les marchés de gré à gré surfacturés, l’achat de conscience des électeurs durant les  dernières campagnes électorales, l’endettement faramineux du Trésor public vis à vis de la Banque Centrale avec comme corollaire l’émission intempestive de monnaie, la dilapidation des réserves de change du pays tombées en une année, de quatre à un mois d’importation, etc…

L’Opposition Républicaine condamne vivement la décision du Gouvernement de faire payer, par les populations, la facture de sa malgouvernance. Elle exige la revue à la baisse immédiate du prix du carburant à la pompe conformément au principe de la flexibilité de ce prix qui est indexé partout ailleurs sur les cours mondiaux du pétrole.

Dans le cas où le Gouvernement se refuserait à prendre dans les meilleurs délais les mesures relatives à la baisse du prix homologué des hydrocarbures en Guinée ainsi que celles en rapport avec l’application des dispositions contenues dans l’Accord Politique du 20 août dernier, l’Opposition n’exclut pas d’en appeler à la mobilisation du Peuple pour défendre ses droits et son pouvoir d’achat. Dans cette éventualité, elle initiera une série de manifestations pacifiques destinées à attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la malgouvernance et la dérive dictatoriale dont notre pays est l’objet en raison de pratiques publiques en totale contradiction avec les principes de bonne gouvernance et de démocratie et les règles de l’Etat de droit.

L’Opposition réitère sa détermination à s’élever fermement contre toute tentative de confiscation du pouvoir par des élections frauduleuses. Elle appelle le Peuple de Guinée à la mobilisation totale pour la défense de ses droits et la sauvegarde de ses acquis démocratiques.

Conakry, le 27 février 2016.


L’Opposition Républicaine.




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