Criminalité Faunique: Un colonel de l’armée guinéenne et ses acolytes mis aux arrêts pour trafic…

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Le mercredi 12 avril 2017, deux opérations  simultanées  se sont simultanément déroulées à Coyah et à Tabouna, un village de Kindia, située à 135 km de Conakry.  Ces opérations conjointes d’Interpol, de la brigade de répression de grand banditisme(BRB), des agents du Ministère de l’Environnement et de l’ONG WARA via son projet GALF (Guinée Application de la Loi Faunique) ont conduit non seulement à l’interpellation du Colonel Ibrahima Bangoura et ses complices mais aussi au sauvetage de 33 animaux dont 12 espèces intégralement protégées.

La Guinée est depuis longtemps le théâtre de la criminalité faunique en Afrique de l’Ouest. Les efforts sont quotidiennementfournis par le Gouvernement et par GALF qui appui le Gouvernement depuis plus de 5 ans en la matière. Cette lutte porte ses fruits, mais il s’agit d’un travail de longue haleine car les actes criminels en matière de faune et de flore sont récurrents.

Pour revenir aux faits, le zoo illégal situé dans le village de Tabouna dans la région de Kindia était depuis belle lurette dans le collimateur du Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts. Après de longues investigations et les différentes missions des cadres du département de l’Environnement, il s’est avéré que le zoo est illégalement institué et serait en train d’entretenir des liens avec des dealers internationaux des réseauxde trafic d’espèces animales protégées. Autrement dit, aucun document n’a été délivré par le Ministère de l’Environnement pour la création de ce zoo, et aucun document ne prouve son existence alors que d’importante quantité d’animaux y sont détenue et y finissent le reste de leur vie dans de mauvaises conditions.

Pire, parmi les espèces animales trouvées dans le zoo et au domicile privé du Colonel Ibrahima Bangoura, alias Magnyanga, il y a des espèces intégralement protégées par la Convention de Washington, la CITES et par le code de faune en vigueur en Guinée, et dont la capture, la détention, la circulation et le commerce sont formellement interdit sur le territoire. Mais en dépit de cela, le Colonel Ibrahima Bangoura, exerçait ces activités dans l’illégalité totale, lui qui a été récemment débarqué aux hydrocarbures, poste qu’occupait l’ancien Capitaine Moussa Dadis Camara avant sa prise de pouvoir à la tête du CNDD (Conseil National pour la Démocratie et le Développement).

Ainsi, grâce à la forte implication des cadres du Ministère de l’Environnement et de GALF, deux missions commando ont été mises en place afin d’agir sur deux endroits différents et de façon simultanée. Au cours de ces opérations d’arrestation et de sauvetages des espèces animales, 3 employés du colonel Ibrahima Bangoura alias Magnianga ont été mis aux arrêts et conduits dans les locaux du BCN d’Interpol de Conakry. Il s’agit de Naby Laye Moussa Bangoura, beau-frère du colonel, Mamady Kpoghomou au domicile privé du colonel et Mamady Koulibali dans le zoo à Kindia. Par la suite, le colonel Magnyanga  s’est rendu de lui-même à l’Interpol.

33 animaux dont  12 espèces protégées ont été saisies : 4 chimpanzés, 9 crocodiles, 3 tortues du désert, 4 tortues aquatiques, 1 civette, 1 mangouste, 1  serval, 1 babouin, 2 vautours, 3 grues couronnées, 4 perruches inséparables.Certains de ces animaux ont été relâchés directement dans le Parc National du Haut Niger avec l’appui de GALF, d’autres au Parc National du Badiar, et d’autres à Capatchez. Les chimpanzés ont été confiésau Centre de conservation pour les chimpanzés.

Lors de son audition, le mis en cause dit avoir une passion pour les animaux en tout genre et aurait démarché auprès des autorités du Ministère de l’Environnement pour règlementer ses activités et trouver un cadre légal à son zoo. Une déclaration qui sera prise avec des pincettes par un responsable de l’organe de gestion CITES. Pour celui-ci, le zoo a déjà une existence de 10 ans et c’est n’est pas aujourd’hui que le colonel dira qu’il souhaiterait réglementer ses activités.

Pour mémoire, la Guinée a été sanctionnée et suspendue de la CITES en mars 2013 et  présentée comme la plaque tournante de la criminalité faunique en Afrique de l’ouest. Cette situation honteuse continue de nos jours à altérer l’image du pays au niveau international.

Après l’audition, les quatre trafiquants fauniques seront dans les jours à venir, situés sur leur sort.  Il faut rappeler que c’est ne pas la première fois qu’un officier militaire guinéen est cité dans les affaires de trafic faunique en Guinée. Le récent cas est celui du Commandant Ansoumane Doumbouya, ancien chef de gestion de l’Organe CITES en Guinée, reconnu coupable et condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir en complicité avec les criminels délivré frauduleusement des permis CITES aux trafiquants, ce qui a abouti à l’exportation illégale et massive de milliers d’animaux dans le monde.

Cette double opération d’arrestation et de sauvetage des espèces animales intégralement protégées a été largement médiatisée par la presse locale et internationale afin d’attirer l’attention des autorités guinéennes d’une part et de l’autre toute la communauté internationale sur l’enjeu de la menace qui pèse sur les ressources naturelles du pays.

Il faut rappeler que le trafic d’espèces est un crime organisé transnational. Il représente le 5ème commerce illégal le plus important au monde amassant plus de 20 milliards de dollars chaque année.

Affaire à suivre…

Fatou Kourouma

 




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