Cellou-Sidya: Dieu est grand, mais le peuple n’est pas petit ! (opinion)

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« Un parti politique qui n’aspire pas à s’emparer du pouvoir ne vaut rien ». Léon Trotsky

Dans la vie de nous, les fervents croyants, il faut s’en remettre en toute circonstance et pour tout à Dieu; en Démocratie , lorsque personne ne veut céder à l’autre, chacun veut être à la place de l’autre, il faut s’en remettre au jugement du peuple , toujours mieux placé pour décider de qui mérite sa confiance , donc doit le diriger.

Président de la République. Une ambition commune à tous les politiques dans les sociétés démocratiques. Un destin singulier qu’il n’est pas donné , cependant , à la plupart d’entre eux de connaître dans une vie toujours brève et incertaine, dans une carrière toujours limitée dans le temps et lourdement tributaire du vote d’électeurs partout insondables et imprévisibles.

Et comme tout destin, il y a forcément une part du divin , donc de mystère et d’inconnu qui tourmente encore plus les candidats nombreux au Graal , qui croient toujours et chacun dans sa bonne étoile , attend avec certitude et espoir l’heure fatidique du grand soir de la célébration d’une victoire jugée inéluctable.

Dans un pays , comme la Guinée , où tout est arrivé à tout le monde dans son histoire dans une longue série de faits divers et de coups du sort, la démocratie qui a ouvert les espaces de liberté et reconnaît leurs droits aux citoyens, semble avoir ouvert la boîte de pandore.

Elle suscite des ambitions légitimes , parfois démesurées. Beaucoup de Guinéens ont eu la révélation qu’ils seront Président un jour ou l’autre.

C’est pourquoi , les candidatures à la magistrature suprême se bousculent et rivalisent d’ardeur ; les unes salutaires , parce que portées par des hommes tout à fait capables d’incarner la fonction , d’autres , si elles ne s’inscrivaient pas dans le principe d’égalité en droits et devoirs entre les citoyens dans une République et dans la démocratie , expliqueraient la tragédie guinéenne qui se nourrit aussi bien des égos surdimensionnés que de la médiocrité ambiante.

Heureusement que le peuple qui peut se tromper parfois , sait souvent qui est qui, qui a fait quoi, ce peuple plus lucide qu’il ne laisse paraître , peut distinguer les bons candidats des mauvais.

Le peuple de Guinée, en l’occurrence et cette fois, n’a pas droit à l’erreur , comme par le passé , au risque de prolonger sa souffrance qui n’a que trop duré et l’avilit chaque jour davantage. S’il est clair que reconduire Alpha Condé , le  » bourreau de tous », est le scénario catastrophe , les partisans de l’alternance , ici et maintenant, ne semblent pas d’accord pour désigner le successeur idéal.

Serait-il à eux de le faire ? Non, non et non !

C’est au peuple, à lui seul, le grand oublié des joutes politiques et absent des stratégies électorales décidées ça et là, de se prononcer. Il doit lui être laissé le choix entre tous les prétendants. On ne peut lui imposer un ou des candidats à élire ni choisir à sa place et d’avance qui doit être président devant ou derrière qui.

Aussi toutes les candidatures sont-elles les bienvenues et renforcent tant la vitalité démocratique basée sur la diversité, que réaffirment la souveraineté du peuple électeur à qui le dernier mot devra toujours revenir.

C’est le devoir de tous d’y veiller et de s’assurer aussi que les élections à venir seront ouvertes et transparentes , afin que chacun se plie au verdict du peuple et personne ne soit tenté d’entreprendre des actions qui sapent la démocratie, menacent l’unité du pays et la paix sociale.

L’enjeu qui doit mobiliser tous les citoyens patriotes et démocrates, l’opposition, en particulier, parce que la voie royale pour l’alternance tant voulue , c’est la transparence et l’équité dans un processus électoral littéralement dévoyé. Et comme a prévenu Staline  » Ce n’est pas le vote qui compte , mais comment on compte le vote. »

C’est parce que l’opposition doute que les prochaines élections seront transparentes et justes , qu’elle se force à préserver son unité, que l’UFR jette son dévolu sur la candidature unique. Mais au profit de qui ?

Chacun pour soi, les électeurs pour tous !

Sidya Touré, à défaut d’avoir le poids électoral pour s’imposer comme candidat unique de l’opposition, fait valoir et prévaloir , notamment auprès de l’UFDG en en faisant même la condition d’une éventuelle alliance, son profil  » non clivant ».

Un  »argument » inhabituel dans la compétition électorale dans laquelle jusqu’à preuve du contraire, les alliances, les désistements et les ralliements sont fonction des résultats obtenus par chacun aux élections.

Si l’UFDG trouve que  » candidat de consensus » n’a pas de fondement démocratique et jure avec la logique électorale et l’UFR , pour sa part, persiste et signe que son président est plus  » fédérateur » et peut réunir au tour de son nom une majorité large et variée pour battre Alpha Condé, qui pour rapprocher deux positions manifestement irréconciliables ? Mission impossible !

C’est pourquoi, chacun doit tenter sa chance en se présentant seul devant les électeurs , si tant est que le scrutin aura lieu et que Alpha Condé ne réussit pas , comme il semble l’avoir décidé, à s’arroger la victoire , avant même la sanction des électeurs pour les autres et lui.

Or, tel qu’évolue le processus électoral jusqu’à maintenant, tout laisse croire à un plébiscite avant la lettre du candidat déclaré du pouvoir. Seule une mobilisation populaire puissante et la résistance unanime des forces du changement peuvent arrêter la bourrasque de la fraude et imposer à Alpha Condé la transparence dans les élections, incontournable pour l’avènement d’un nouveau régime par la victoire d’un des opposants en lice.

Sans un sursaut patriotique de tous les guinéens et une réelle solidarité entre les acteurs du changement, Alpha Condé rééditera sa victoire à la Pyrrhus de 2010. Alors , les disputes d’aujourd’hui au sein de l’opposition pour sa succession , loin d’être acquise , se révéleront plus futiles et inutiles encore et les stratégies voulues par les uns et les autres montreront leurs limites avec un effet boomerang fatal à tous. Car l’autre enjeu de 2015 est la recomposition du paysage politique guinéen allant dans tous les sens.

En attendant , l’UFR qui sait qu’elle ne peut compter sur l’UFDG pour une candidature unique en faveur de Sidya Touré , se cherche une voie alternative et salvatrice. Pour cela, le parti se démarque de l’UFDG dont on le croit à la remorque et surtout il n’attend plus rien et se pose en même temps comme alternative à Alpha Condé , à ses yeux, incapable de se faire réélire, tant le désir de changement s’est emparé de tout le pays.

Quant à l’UFDG, challenger déclaré d’Alpha Condé, candidat naturel pour l’alternance en tant que principal parti de l’opposition, il n’est pas possible de manquer le rendez-vous de l’élection présidentielle au risque de s’aliéner ses nombreux électeurs qui continuent à payer le lourd tribut du changement, au risque aussi de laisser paraître Cellou comme  » défaitiste »par son désistement à une élection à laquelle il est sans doute l’un des grands favoris.

Dans cette épreuve de force inutile face au défi commun de l’alternance démocratique, le PEDN de Lansana Kouyaté se distingue par la clarté  » il est contre la candidature unique » , l’élégance aussi, en estimant qu’il faille soutenir le candidat du changement , quel qu’il soit, si d’aventure Alpha Condé , malgré son impopularité et par un tour de force , se retrouvait au second tour.

Pour Lansana Kouyaté , ce n’est pas  » je gagne ou tout le monde perdra ». Le peuple appréciera.

Tous comptes faits, seules des élections transparentes pourraient trancher définitivement le conflit des ambitions et les querelles de leadership et de légitimité auxquelles se livrent aujourd’hui les acteurs politiques du pays.

La vie politique , en Guinée comme ailleurs , sera toujours marquée par des alliances, des ruptures successives, au gré des intérêts toujours de circonstance des partis politiques et du rapport de forces , variable d’une élection à une autre , mais seul critère pour décider de qui est légitime ou non : Une vérité permanente en Démocratie.

Enfin, il n’y a pas à s’offusquer de l’ambition exprimée par l’UFR, l’UFDG et d’autres de conquérir le fauteuil présidentiel , car c’est dans la vocation de tout parti politique d’aspirer à gouverner, tout comme c’est le droit de chaque homme de rêver d’un destin présidentiel :  » L’amour de soi passe chez tout le monde avant l’amour du prochain », confesse Euripide.

Par contre, dans les élections , la volonté du peuple passe avant toutes les ambitions et celle de Dieu scelle le destin de chacun et de tous dans la vie et les …urnes ! Voilà pourquoi on a confondu la voix du Peuple à celle de Dieu, l’une intimement liée à l’autre.

Par Tibou Kamara




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