A la Une: l’incompréhension après le crash du vol AH 5017

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La presse africaine essaie ce matin de comprendre ce qui s’est passé dans le ciel malien, et qui a conduit à l’accident de cet avion Air Algérie en provenance de Ouagadougou et à destination d’Alger. 116 personnes étaient à bord. C’est pour le moment la piste de l’accident qui est privilégiée, les mauvaises conditions météorologiques sont avancées. Un ancien pilote habitué de cette ligne Ouaga-Alger va dans ce sens-là. Son témoignage ce matin à retrouver dans le journal algérien Maghreb Emergent : « La région qu’a survolée le vol AH 5017 est traversée par une violente perturbation communément appelée le Front intertropical […]. C’est une zone de convergence entre deux masses d’air […] Les éclairs ne ressemblent pas à ce que nous voyons dans les régions nord en Algérie, ils peuvent illuminer le ciel jusqu’à croire qu’on est en plein jour, et croyez-moi, parfois cela fait vraiment peur ».

Dans le quotidien burkinabé Le Pays, l’émotion prend le dessus : « Il est question de mauvaises conditions météorologiques. Oh que diantre, où allons-nous ‘ […] Pourquoi donc c’est au moment où la technologie a atteint un niveau jamais égalé, que l’on assiste à de pareils drames ‘ Cette fois l’horreur a frappé aux porte du Burkina Faso qui vient de décréter un deuil national de 48 heures ».

Jusqu’à ce que la thèse de l’accident soit confirmée, la presse africaine ne pourra mettre de côté la piste terroriste : « elle doit être envisagée jusqu’à ce que des preuves permettent de l’écarter », affirme ce matin un ancien officier supérieur du renseignement algérien dans Maghreb Emergent.

Et le journal de rappeler que lors d’une visite en Algérie fin 2013, « le premier ministre français d’alors, Jean-Marc Ayrault, avait déclaré que la menace terroriste dans le Sahel “n’avait pas été complètement éliminée” ».

« Pas de polémique inutile » affirme de son côté un autre Premier ministre, actuel celui-ci, Luc Adolphe Tiao, chef du gouvernement burkinabé et dont le quotidien Fasozine a pu recueillir les déclarations suite à cet accident.

A la question y’a-t-il un « rapport entre le crash et la médiation algérienne dans la crise au Nord Mali », Luc Adolphe Tiao répond : « il n’y a aucun lien par rapport à cette situation ».

Jour noir pour le Burkina et l’Algérie

L’avion avait décollé du Burkina Faso, et était censé atterrir en Algérie. Maghreb Emergent rappelle que « le crash du vol AH 5017 est le plus meurtrier dans l’histoire de l’aviation civile algérienne ». Celle-ci « est marquée par un nombre restreint d’accidents mais il reste que les pertes humaines, du moins pour les dix dernières décades, sont des plus importantes. Du crash de Tamanrasset en 2003 à l’accident de Piacenza, au sud de Milan en Italie en 2006, la compagnie nationale Air Algérie aura enregistré 104 morts ».

Du côté du Burkina, « quelle guigne poursuit donc le pays », s’interroge l’Obervateur Paalga. « Faut-il se convaincre définitivement qu’un malheur ne vient jamais seul ‘ On n’a pas encore fini de pleurer les 5 morts de la catastrophe de Larlé survenue le mardi 15 juillet et d’épiloguer sur l’explication officielle du drame […] qu’une autre tragédie frappe le Burkina ». Allusion à cette explosion qui s’était produite dans un quartier de Ouagadougou.

L’émotion était forte hier au premier étage de l’aéroport de la capitale burkinabè, où s’est rendu Fasozine pour un reportage après des familles des victimes. « Entre larmes et soupirs de fatalisme, les parents, amis et proches des passagers […] ne décoléraient pas contre les responsables de la compagnie, ne comprenant pas comment ceux-ci pouvaient les abandonner dans cette situation de détresse ». Le quotidien burkinabé a recueilli des témoignages de proches reprochant aux employés d’Air Algérie leur absence.

Ce sont surtout des gens en état de choc que le journal a rencontré : « que ressent-on lorsqu’on a un ami, un fils ou un proche sur ce vol AH 5017 », s’interroge l’homme qui dirige la cellule de soutien psychologique aux familles et proches des passagers. Un seul mot a été capable de prononcer, entre deux sanglots, l’amie d’un certain Dominique présent sur le vol : le mot « pénible », sans doute à des années lumières de la douleur ressentie.

source: RFI




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