A la Une: l’attentat de Tunis

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Consternation et colère dans la presse tunisienne après la fusillade d’hier au musée du Bardo à Tunis qui a fait au total 21 morts, dont deux terroristes abattus par les forces de l’ordre.
« Ils n’arriveront pas à terroriser les Tunisiens ! », s’exclame le site d’information Tunisie Numérique. « Car il est clair que l’objectif des terroristes et de ces illuminés, obnubilés par leur pensée unique, est de mettre à genoux le pays. Un rêve qu’ils ne verront jamais se concrétiser. (…) Acculés dans leurs derniers retranchements après la série d’opérations sécuritaires couronnées de succès, poursuit Tunisie Numérique, les extrémistes ont cherché à redorer leur blason en menant une opération spectaculaire. Signe de leur désespoir, ils ont frappé de plein fouet l’une des sources de revenus de milliers de Tunisiens qui tirent leur unique gagne-pain de l’industrie touristique. Indéniablement, le coup accusé par ce secteur, qui a de la peine à se relever depuis la révolution de janvier 2011, est d’une grande envergure et retardera de plusieurs mois sinon plus la relève de ce secteur vital à un moment où le pays connaît des difficultés économiques. Mais les Tunisiens ne se laisseront pas abattre, s’exclame Tunisie Numérique. Ils n’abdiqueront pas devant ces énergumènes qui veulent à tout prix leur gâcher le goût de vivre et l’avenir de leurs enfants. »

« La Tunisie frappée en plein cœur », s’exclame le site d’information burkinabé Fasozine. « Après Bamako, pour ne citer que le cas le plus récent en Afrique, c’est au tour du pays de Béji Caïd Essebsi de subir ce terrible déferlement de violence aveugle et insensé. Et il a raison, le président tunisien, de s’insurger contre ce qu’il considère comme un acte ‘lâche’. Cela est d’autant plus vrai, souligne Fasozine, que ces meurtriers cagoulés s’en sont pris à d’innocents touristes qui n’ont rien à avoir contre la cause qu’ils défendent. Comment comprendre qu’on tire à bout portant sur des touristes qui sortent d’un car pour se rendre dans un musée ‘ Il s’agit d’une horreur injustifiable par un ‘Dieu’ qui voudrait imposer sa loi aux hommes de notre temps. C’est carrément une violence gratuite qui mérite une mobilisation mondiale pour y mettre fin avant qu’elle ne plonge la conscience humaine dans son abîme. »

C’était à craindre…

Un attentat de cette envergure en Tunisie, il fallait s’y attendre, soupire pour sa part le site Guinée Conakry Infos. En effet, affirme-t-il, « le ‘triangle de l’enfer’ a pignon sur rue en Tunisie. La troïka djihadiste recrute visiblement ici, à tour de bras, des jeunes manipulés et fanatisés à souhait. Les affidés d’Al-Qaida du Sahara, les fous de Daech et l’antenne libyenne Ansar Al Charia sont ici en terre connue. Beaucoup de spécialistes des questions islamistes étaient convaincus que la Tunisie, dont quelque 3.000 ressortissants ‘s’exportent’ vers les terres de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie, et dont certains reviennent par centaines, que cette Tunisie-là, était indubitablement ‘exposée’ tôt ou tard à un ‘effet boomerang’. »

En effet, renchérit le site le Point Afrique, « le danger est d’autant plus grand que les tenants du djihad se sont multipliés de façon presque exponentielle en Tunisie. Longtemps, la menace s’est limitée à l’organisation Ansar al-Charia et à la Phalange Okba Ibn Nafaâ, un groupe essentiellement actif dans les montagnes qui marquent la frontière avec l’Algérie. (…) Désormais, la Tunisie doit faire face à un terrorisme diffus, infiniment plus difficile à éradiquer. Selon une estimation récente, environ 3.000 jeunes Tunisiens, pour la plupart des laissés-pour-compte du Printemps, sont partis combattre en Syrie, en Irak ou en Libye. Le ministère de l’Intérieur estime que plusieurs centaines d’entre eux sont déjà rentrés au pays après avoir fait allégeance à l’État islamique ou à Al-Qaïda, et représentent autant de terroristes en puissance. »

Enfin, pour le quotidien Le Pays à Ouaga, « ces terroristes qui viennent d’endeuiller Tunis ont voulu assassiner l’économie du pays de Bourguiba, tout en le déstabilisant politiquement et en le plongeant dans le doute et les incertitudes sécuritaires. Le terreau tunisien est probablement favorable à ce genre de coup d’éclats meurtrier, pointe le journal, du fait notamment du taux de chômage élevé des jeunes et d’une économie relativement en déshérence. Ces cavaliers de l’apocalypse veulent d’une certaine façon punir la Tunisie pour avoir été le point de départ du printemps arabe qu’elle a, au demeurant, relativement réussi. Ce n’est sans doute pas la dernière fois hélas, que Tunis est frappée en plein cœur, estime encore Le Pays. En effet, avec la sanctuarisation progressive de la Libye par l’Etat islamique, la Tunisie doit impérativement garder l’arme au pied. Seule la qualité de sa vigie et de son renseignement pourrait être sa planche de salut. »

RFI/AFRIQUE




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